Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Albenas (Jean Poldo d’)

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ALBENAS (Jean Poldo d’), naquit en 1512, à Nîmes, et non en Vivarais, comme l’a dit Castel dans ses Mémoires sur le Languedoc. Sa famille était noble ; mais elle fut moins distinguée par cet avantage que par les lumières de Poldo, et de Jacques d’Albenas son père. Les parents de Poldo l’avaient destiné au barreau, et il se mit de bonne heure en état d’y paraître avec éclat ; mais Nîmes étant devenue, en 1552, le siége d’un présidial, il y fut pourvu d’une charge de conseiller, qu’il exerça jusqu’à sa mort, avec distinction. Il cultiva les lettres et la jurisprudence ; son premier ouvage fut une traduction française de l’écrit de S. Julien, archevêque de Tolède, intitulé : Prognosticorum, sive de origine mortis humanæ ; de futuro sæculo, & de futuræ vitæ contemplatione, libri tres. Cette version obtint, lorsqu’elle parut, l’estime des savants ; elle fut bientôt suivie de celle de l’Histoire des Tahorites (hérétiques de Bohême), écrite en latin par Æneas Sylvius, avant qu’il devînt pape sous le nom de Pie II. D’Albenas publia ensuite un Discours historial de l’antique et illustre cité de Nîmes, Lyon, 1557, in-fol, avec des planches assez grossièrement gravées en bois, où les mesures et les règles de la perspective ne sont pas toujours observées ; mais qui donnent cependant, des monuments qu’elles représentent, une idée plus vraie qu’on ne devrait s’y attendre d’après l’état d’imperfection où était la gravure à cette époque. On ne s’étonnera pas que ce livre, composé au milieu du 16e siècle, ne brille pas par le mérite du style ; on doit aussi n’être pas surpris d’y trouver souvent une érudition confuse et hors de propos : c’était le défaut du temps ; mais cette production n’en est pas moins un monument curieux du profond savoir de l’auteur, et un riche dépôt d’observations et de recherches utiles. D’Albenas fut un des premiers à professer les principes de la réformation, et son exemple ne contribua pas peu à leur propagation. A sa mort, arrivée en 1563, la plupart des habitants de Nîmes et des environs étaient déjà calvinistes. V.S—l.