Page:Folk-lore - A Quarterly Review. Volume 1, 1890.djvu/233

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"HOW THEY MET THEMSELVES."


IL y a quelques années, en feuilletant l'œuvre du poète peintre Gabriel Dante Rossetti, je fus frappé d'un dessin étrange: un couple (costume florentin renaissance) rencontre au coin d'un bois un couple qui lui ressemble traits pour traits, mais entouré d'une ligne de feu qui annonce qu'il n'appartient pas à ce monde: la femme, affolée de peur, tombe dans les bras de l'homme, qui lui-même recule terrifié: la scene est intitulée How they met themselves (Comment ils se rencontrèrent eux-mêmes). Des personnes, qui avaient connu intimement Rossetti, ne purent me donner d’explication sur le sujet et l’intention de l’œeuvre.

M. Barth, à qui je montrai le dessin et demandai s'il connaissait quelque légende analogue, me dit qu'en Alsace rencontrer son ombre est signe de mort. Il m'envoie à ce sujet des documents des plus intéressants que je ne puis mieux faire que de communiquer à Folk-Lore, et qui s'étendent au double cycle des apparitions de l'homme à lui-même et de l'homme à autrui. Je lui passe done la parole: j'ajouterai seulement, pour compléter tout ce que j'ai à dire des apparitions du premier genre, celles de l'homme a lui-même, qu'il y a un exemple illustre en Angleterre correspondant au cas du relieur de Strasbourg: c'est celui de Shelley. Shelley, quelques jours avant sa mort, en se promenant, rencontra sa propre image, qui lui demanda: "How long do you mean to be content?" (Lettre de Mrs. Shelley à Mrs. Gisborne, 11 aout 1822.[1]) Est-ce dans

  1. Vers le même époque, Shelley avait apparu également à son amie Mrs. Williams, autre signe de mort (même Lettre). Ceci rentre dans le second ordre de traditions racontées par M. Barth.