Ashtavakra Gita

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Traduction par John Richards pour l’anglais et des contributeurs de Wikisource pour le français.
John Richards (p. 1-9).
Notes de traduction

Ashtavakra ou Ashtaavakra, en sanskrit : अष्‍टवक्र, est un sage (rishi) connu pour le dialogue qu’il a dans l’Ashtavakra Gita avec le prince Janaka. Les informations sur sa biographie viennent essentiellement du Ramayana. Son nom signifie « huit difformités ».

L’Ashtavakra Gita (en sanskrit : अष्टावक्रगीता ; IAST : aṣṭāvakragītā) est un chant qui contient un enseignement philosophique[1] appartenant avec l’Avadhuta Gita aux principaux textes de la philosophie non-dualiste advaita vedanta. Comme tous les textes hindous, ils ont eu une longue existence de tradition orale avant d’être écrit. L’Ashtavakra Gita telle qu’elle nous est parvenue date probablement du VIIIe siècle, époque d’essor pour les écoles non-dualistes en Inde.

Les sources utilisées sont toutes issues du web [2][3].

Un certain nombre de choix ont été faits :

  • traduction de samsāra (संसार) par cycle des réincarnations mais cela pourrait aussi être « tout ce qui circule »
  • traduction de Vairāgya (devanagari : वैराग्य)/ dispassion par sérénité
  • traduction de Ekaggatā (sanskrit Ekāgratā, एकाग्रता) par concentration et non par unification (discutable)

Chapitre I

Janaka :

Comment la connaissance peut-elle être acquise ? Comment la libération peut-elle être atteinte ? Et comment atteindre un état sans passion ? Dis-moi. 1.1

Ashtavakra :

Si tu cherches la libération, mon fils, évite les objets des sens comme un poison. Pratique la tolérance, la sincérité, la compassion, la retenue et la vérité comme un nectar. 1.2

Tu n’es pas composé des éléments — la terre, l’eau, le feu, l’air, ou même l’éther. Pour être libéré, connais toi toi-même comme étant la conscience, le témoin de ceux-ci. 1.3

Si tu parviens juste à rester au repos dans la conscience, te percevant toi-même comme distinct de ton corps, alors tu deviendras heureux, paisible et libre de tout lien. 1.4

Tu n’appartiens pas à la caste des prêtres ni à nulle autre caste, tu n’es à aucune étape, et tu n’es rien que l’œil puisse voir. Tu es sans attache et sans forme, le témoin de toute chose — alors sois heureux. 1.5

Vertu ou vice, plaisir ou douleur, ne sont que le produit du mental et ne te concernent pas. Tu n’es ni celui qui agit, ni celui qui recueille les fruits, tu es donc toujours libre. 1.6

Tu es le témoin de toute chose, et tu es toujours totalement libre. La cause de tes liens est que tu vois le témoin comme autre chose que cela. 1.7

Parce que tu a été mordu par le serpent noir, la croyance en « je suis celui qui agit », bois l’antidote de la foi dans le fait que « je ne suis pas l’agissant », et soit heureux. 1.8

Brûle la forêt de l’ignorance avec le feu de la connaissance que « je suis l’unique pure conscience » et sois heureux et libéré de l’affliction. 1.9

Cela en qui tout ceci apparaît — imaginé tel un serpent dans une corde — cette joie, suprême joie et conscience est ce que tu es, alors sois heureux. 1.10

Si l’on se pense libre, on est libre, et si l’on se croit attaché, on est attaché. Ici, cet adage est vrai : « le penser, c’est l’être ». 1.11

Ta nature réelle est l’Un parfait, libre, la conscience impassible, le témoin universel, détaché de tout, sans désir et en paix. C’est par une illusion que tu parais impliqué dans le samsâra. 1.12

Médite sur toi-même comme une conscience immobile, libre de tout dualisme, renonçant à l’idée fausse selon laquelle tu es juste une conscience dérivée, ou quoi que ce soit d’externe ou interne. 1.13

Tu a été longtemps pris au piège de l’identification au corps. Tranche ce lien avec le couteau de la connaissance que « je suis la conscience », et sois heureux, mon fils. 1.14

Tu es réellement libre de toute attache et de toute action, déjà illuminé par nature et sans tâche. Ton esclavage vient de ta recherche constante à calmer le mental. 1.15

Tout cela est empli de toi et se déroule en toi, car ce dont tu es fait est pure conscience — alors ne sois pas étroit d’esprit. 1.16

Tu es inconditionné et immuable, sans forme et permanent, insondable conscience et imperturbable, alors ne te réfère à rien d’autre que la conscience. 1.17

Vois que ce qui est apparent n’est pas réel, tandis que le non-manifesté demeure. Grâce à cette initiation à la vérité, tu ne tomberas plus dans l’irréalité. 1.18

De la même façon qu’un miroir existe partout à l’intérieur et en dehors de ses images réfléchies, ainsi le Seigneur Suprême existe partout à l’intérieur et en dehors de ce corps. 1.19

De la même façon qu’un seul et même espace universel existe à l’intérieur et autour d’une jarre, ainsi l’éternel et immortel Dieu existe dans la totalité des choses. 1.20

Chapitre II

Janaka :

En vérité, je suis sans reproche et en paix, la conscience au-delà de la causalité naturelle. Tout ce temps j’ai été affligé par l’illusion. 2.1

Comme je suis le seul à donner de la lumière de ce corps, je la fais aussi pour le monde et j’ai pour fruit que le monde est mien ou bien que rien n’est. 2.2

Alors maintenant, abandonnant le corps et tout le reste, par quelque bonne fortune ou d’autres choses, mon vrai moi devient apparent. 2.3

Tout comme les vagues, la mousse et les bulles ne sont pas différents de l’eau, tout ce qui a émané de Soi-même, n’est autre que Soi-même. 2.4

De la même manière que lorsque l’on analyse un tissu on y trouve la tresse, ainsi quand tout est analysé in n’est découvert rien d’autre que le Soi-Même. 2.5

Tout comme le sucre produit à partir du jus de la canne à sucre est imprégné du même goût, alors tout ceci, produit en dehors de moi, est complètement imprégné de moi. 2.6

C’est par l’ignorance de Soi-même que le monde apparaît, et par la connaissance de Soi-même qu’il s’évanouit. De la méconnaissance de ce qu’est la corde, un serpent semble apparaître, et par la connaissance de celle-ci, il ne semble plus exister. 2.7

Être radieux est ma nature essentielle, et je ne suis rien de plus ni au-delà de cela. Quand le monde s’illumine, c’est tout simplement moi qui resplendis. 2.8

Tout cela apparaît en moi comme imaginé par l’ignorance, comme on prend une corde pour un serpent, la lumière du soleil pour un reflet sur l’eau, et la nacre pour de l’argent. 2.9

Tout cela, dont je suis l’origine, est résolu aussi par un retour en moi, comme une cruche redevient argile, une vague redevient l’eau, et un bracelet redevient or. 2.10

Quelle merveille je suis donc ! Gloire à moi, pour qui il n’y a pas de destruction, demeurant même au-delà de la destruction du monde jusqu’à la dernière touffe d’herbe par Brahma. 2.11

Quelle merveille je suis donc ! Gloire à moi, solitaire, même si doté d’un corps, ni en allant ni venant partout, moi qui demeurera éternellement, remplissant tout ce qui est. 2.12

Quelle merveille je suis donc ! Gloire à moi ! Il n’y a pas un si habile que moi ! Moi qui ai porté tout ce qui est toujours, sans même le toucher avec mon corps ! 2.13

Quelle merveille je suis donc ! Gloire à moi ! Moi qui ne possède rien du tout, ou bien possède tout ce auquel la parole et l’esprit peuvent se référer. 2.14

Connaissance, ce qui doit être connu, et le connaissant — ces trois n’existent pas en réalité. Je suis la réalité immaculée dans laquelle ils apparaissent à cause de l’ignorance. 2.15

Vraiment le dualisme est la racine de la souffrance. Il n’y a pas d’autre remède que la prise de conscience que tout ce que nous voyons est irréel, et que je suis la seule réalité incorruptible, composé de conscience. 2.16

Je suis une pure conscience que, par ignorance, j’ai imaginé avoir des attributs supplémentaires. En permanence reflétant cela, ma demeure est dans l’inimaginable. 2.17

Pour moi il n’y a ni la servitude, ni la libération. L’illusion a perdu son socle et a cessé. Vraiment tout cela existe en moi, même en fin de compte cela n’existe même pas en moi. 2.18

J’ai reconnu que tout cela, et mon corps, ne sont rien, tandis que mon vrai moi n’est rien que la conscience pure, ainsi, que peut faire maintenant le travail d’imagination ? 2.19

Le corps, le ciel et l’enfer, la servitude et la libération, et la peur aussi, tout cela est pure imagination. Que reste-t-il à faire pour moi dont la nature est conscience ? 2.20

En vérité, je ne vois pas le dualisme, même dans une foule de gens. Quel plaisir aurais-je quand il s’est transformé en désolation ? 2.21

Je ne suis pas le corps, ni le corps n’est mien. Je ne suis pas un être vivant. Je suis la conscience. Ce fut ma soif de vivre qui fut mon asservissement. 2.22

Vraiment, C’est dans l’océan sans limites de moi-même, stimulé par les vagues colorées des mondes, que se lève soudain le vent de la conscience. 2.23

C’est dans l’océan infini de moi-même, que le vent de la pensée s’apaise, et que l’écorce du monde des êtres vivants, qu’un marchand semble mener, est détruit par le manque de marchandises. 2.24

Comment il est merveilleux que, dans l’océan sans limites de moi-même les vagues des êtres vivants se rencontrent, se heurtent, jouent puis disparaissent, en fonction de leurs natures. 2.25

Chapitre III

Ashtavakra :

Ayant la connaissance de soi comme vraiment un et indestructible, comment un homme sage qui possède comme toi ce savoir, prendrait plaisir à acquérir de la richesse ? 3.1

En vérité, c’est quand on connaît pas Soi-même que l’on prend plaisir dans les objets de la fausse perception, de même que la cupidité se meut pour de l’argent factice en ne reconnaissant pas la nacre pour ce qu’elle est. 3.2

Tout cela jaillit comme des vagues dans la mer. En reconnaissant, « je suis Cela », pourquoi courir autour de quelqu’un par besoin ? 3.3

Après avoir entendu de Soi-même tel la conscience pure et suprêmement belle, celui-là irait-il convoiter de sordides objets sexuels ? 3.4

Quand le sage a compris qu’il est lui-même dans tous les êtres, et que tous les êtres sont en lui, il est étonnant que le sens de l’individualité soit en mesure de continuer. 3.5

Il serait étonnant qu’un homme qui a atteint l’état suprême de non-dualité et reçu les bénéfices de la libération soit toujours soumis à la convoitise et freiné par l’activité sexuelle. 3.6

Il serait étonnant que déjà très affaibli, et sachant très bien que son excitation est l’ennemi de la connaissance, il fût encore nostalgique de la sensualité, même à l’approche de ses derniers jours. 3.7

Il serait étonnant que celui qui est hors des choses de ce monde ou du suivant, qui différencie le permanent et l’éphémère, et qui s’engage pour la libération, ait peur de la libération. 3.8

Fêté ou tourmenté, le sage est toujours conscient de sa suprême nature propre et n’est ni heureux, ni déçu. 3.9

La grande âme voit même son propre corps dans l’action comme s’il s’agissait d’un autre, alors comment serait-il perturbé par la louange ou le blâme ? 3.10

En voyant ce monde comme une pure illusion, dépourvu de tout intérêt, comment l’âme forte, pourrait ressentir de la peur, même à l’approche de la mort ? 3.11

Qui est comparable à cette âme forte dont l’esprit est libre du désir, même dans la déception, et qui a trouvé satisfaction dans la connaissance de soi ? 3.12

Comment l’esprit fort, qui sait que ce qu’il voit, de par sa nature même— rien— devrait considérer une chose ou en rejeter une autre ? 3.13

Pour qui a éliminé l’attachement, et est exempt de dualisme et de désir, un objet de jouissance qui vient par lui-même n’est ni douloureux ni agréable. 3.14

Chapitre IV

Ashtavakra :

Certes, le sage qui a la connaissance de soi, jouant de la jouissance du monde, ne ressemble pas à des bêtes égarées dans le monde de la peine. 4.1

Vraiment, le yogi ne ressent aucune émotion, même à accéder à cet état auquel tous les Devas d’Indra aspirent jusqu’à en être inconsolables. 4.2

Celui qui a connu Cela est indifférent aux actes bons ou mauvais, tout comme le ciel n’est pas touché par la fumée, quand bien même il peut sembler l’être. 4.3

Qui peut empêcher la personne de grande âme qui a connu tout ce monde comme lui-même de vivre comme il lui plaît ? 4.4

Parmi les quatre catégories d’êtres vivants, de Brahma jusqu’à la dernière touffe d’herbe, seul l’homme de savoir est capable de repousser le désir et l’aversion. 4.5

Rare est l’homme qui se sait lui-même comme indivis du Seigneur du monde, et nulle peur ne vient à qui sait cela de tout. 4.6

Chapitre V

Ashtavakra :

Tu n’es pas lié par quoique ce soit. A quoi une personne pure comme toi devrait renoncer ? Mettant au repos l’organisme complexe, tu pourras trouver ton repos. 5.1

Tout cela coule de toi, comme une bulle de la mer. Te connaissant toi-même ainsi, n’étant qu’un, tu trouveras le repos. 5.2

En dépit que cela fut devant tes yeux, tout cela, étant non substantiel, n’existe pas en toi, qui est resplendissant. C’est une apparence comme le serpent semble une corde, tu peux donc prendre ton repos.5.3

Egal dans la douleur et dans le plaisir, égal dans l’espérance et dans la déception, l’égalité dans la vie et la mort, et complet tel que tu l’es, tu trouveras le repos. 5.4

Chapitre VI

Ashtavakra :

Je suis infini comme l’espace, et le monde naturel est comme une jarre. Le savoir est la connaissance, et alors il n’y a ni renoncement, acceptation ou fin de celui-ci. 6.1

Je suis comme l’océan, et la multiplicité des objets est comparable à une vague. Le savoir est la connaissance, et alors il n’y a ni renoncement, acceptation ou fin de celui-ci. 6.2

Je suis comme la nacre, et le monde imaginaire est comme l’argent. Le savoir est la connaissance, et alors il n’y a ni renoncement, acceptation ou fin de celui-ci. 6.3

Ou bien si tu le veux, je suis dans tous les êtres, et tous les êtres sont en moi. Le savoir est la connaissance, et alors il n’y a ni renoncement, acceptation ou fin de celui-ci. 6.4

Chapitre VII

Janaka :

C’est dans l’océan infini de moi-même que l’écorce du monde erre ici et là, mue par son propre vent intérieur. Je ne suis pas perturbé par cela. 7.1

Laisser lever la vague du monde, ou bien disparaître par sa propre nature dans l’océan infini de moi-même. Il n’y a pas augmentation ou la diminution de moi de par cela. 7.2

C’est dans l’océan infini de moi-même que l’imagination que l’on nomme le monde prend place. Je suis suprêmement en paix et sans forme, et comme tel, je reste. 7.3

Ma vraie nature n’est pas contenue dans des objets, ni aucun objet n’existe en elle, car elle est infinie et resplendissante. Elle est détachée, sans désir et en paix, et comme tel, je reste. 7.4

Oui, je ne suis rien d’autre que la conscience pure, et le monde est tel le spectacle d’un prestidigitateur, alors comment pourrais-je imaginer qu’il y ait quelque chose là à accepter ou à rejeter ? 7.5


Chapitre VIII

Ashtavakra :

La servitude, c’est quand l’esprit aspire à quelque chose, se chagrine de quelque chose, rejette quelque chose, tient à quelque chose, est heureux de quelque chose ou mécontent de quelque chose. 8.1

La libération, c’est quand l’esprit n’a plus d’envie pour rien, de peine pour rien, de rejet pour rien, ne tient à rien, et n’est content ou mécontent de rien. 8.2

La servitude, c’est quand l’esprit est empêtré dans l’un des sens, et la libération, c’est quand l’esprit n’est pas emmêlé dans aucun des sens. 8.3

Lorsqu’il n’y a pas de « moi » c’est la libération, et quand il y a « moi » c’est la servitude. Compte tenu de cette ardeur, ne retient ni ne rejette rien. 8.4

Chapitre IX

Ashtavakra :

Le savoir c’est quand le dualisme des choses faites et défaites a été mis au repos, ou la personne pour laquelle elles se produisent est en paix, alors tu peux ici et maintenant aller au-delà du renoncement et des obligations par l’indifférence à ces choses. 9.1

Rare en effet, mon fils, est l’homme chanceux dont l’observation du comportement du monde a conduit à l’extinction de sa soif de vivre, de sa soif de plaisir et de la soif de connaissance. 9.2

Tout cela est impermanent et gâché par les trois sortes de douleur. En reconnaissant que cela est inconsistant, dénué de substance, et tout juste bon pour le rejet, on atteint la paix. 9.3

Quand était cet âge ou ce temps de la vie où le dualisme des extrêmes n’existait pas pour les hommes ? Les abandonnant, une personne qui est heureux de prendre tout qui est atteint la perfection. 9.4

Qui n’en vient pas à l’indifférence à l’égard de telles choses et parvient à la paix quand il a vu les différences d’opinions parmi les grands sages, saints et yogis ? 9.5

N’est-il pas un gourou qui, libre de passion et plein sérénité, atteint la pleine connaissance de la nature de la conscience, et incite les autres à sortir du cycle des réincarnations ? 9.6

Si tu veux juste voir les transformations des éléments comme rien de plus que les éléments, alors tu seras immédiatement affranchi de toutes les obligations et établi dans ta propre nature. 9.7

Notre inclination est le cycle des réincarnations. Sachant cela, abandonne-le. La renonciation à lui est le renoncement de celui-ci. Maintenant tu peux rester comme tu es. 9.8

Chapitre X

Ashtavakra :

Abandonnant le désir, l’ennemi, ainsi que le gain, lui-même si plein de perte, et les actions contraignantes qui sont la cause des deux autres — pratique l’indifférence envers tout. 10.1

Vois les choses telles que amis, terres, argent, biens, épouses, et héritages comme rien d’autre qu’un rêve ou un tour de prestidigitateur de trois ou cinq jours. 10.2

Partout où le désir règne, vois en lui le cycle des réincarnations. En t’établissant dans la sérénité, sois libre de passion et heureux. 10.3

La nature essentielle de la servitude n’est rien d’autre que le désir, et son élimination est connue comme une libération. C’est tout simplement en ne s’attachant pas à changer les choses que la joie éternelle de l’épanouissement est atteinte. 10.4

Tu es un, conscient et pure, tandis que tout cela n’est qu’inerte non-être. L’ignorance elle-même n’est rien, alors qu’as-tu besoin du désir comprendre ? 10.5

Royaumes, enfants, épouses, corps, plaisirs — Ils ont tous été perdus pour toi dans la vie après la vie, tant bien tu y étais attaché. 10.6

Assez de richesse, de sensualité et d’actes. Dans la forêt du cycle des réincarnations, l’esprit n’a jamais trouvé satisfaction en eux. 10.7

Par combien de naissances n’as-tu pas fait le travail dur et douloureux du corps, de l’esprit et de la parole. Maintenant enfin arrête ! 10.8

Chapitre XI

Ashtavakra :

Impassible et sans souffrance, réalisant qu’être, non-être et transformation sont de la nature même des choses, on trouve facilement de la paix. 11.1

En paix, ayant perdu tous les désirs à l’intérieur, et réalisé que rien n’existe ici que le Seigneur, le Créateur de toutes choses, on n’est plus attaché à rien. 11.2

Conscient du fait que le malheur et la fortune proviennent du destin, on est contenté, son sens sous contrôle, et n’aimant ni ne haïssant. 11.3

Réalisant que le plaisir et la douleur, la naissance et la mort viennent du destin, et que ses désirs ne peuvent être assouvis, on reste inactif, et même lorsqu’il agit ne pas attaché. 11.4

Conscient du fait que la souffrance ne naît de rien d’autre que de la pensée, c’est en abandonnant tous les désirs qu’on se débarrasse d’elle, et qu’on est heureux et en paix partout. 11.5

Réalisant « je ne suis pas le corps », ni « le corps est mien ». Je prends conscience, on atteint l’état suprême et ne se souvient plus des choses faites ou défaites. 11.6

Réalisant, « C’est juste moi, de Brahma jusqu’à la dernière touffe d’herbe", on devient libre de l’incertitude, pur, en paix et peu soucieux de ce qui a été atteint ou non. 11.7

Consciente du fait que toutes les choses variées et merveilleuses du monde ne sont rien, on devient réceptivité pure, libre d’inclinations, et comme si rien n’existait, on trouve la paix. 11.8

Chapitre XII

Janaka :

Tout d’abord j’ai été opposé à l’activité physique, puis aux longs discours, et enfin à la pensée même, qui est ce pourquoi je suis maintenant là. 12.1

En l’absence des délices des sons et des autres sens, et par le fait que je ne suis pas moi-même un objet des sens, mon esprit est concentré et libre de distraction — ce qui explique pourquoi je suis maintenant affermi. 12.2

En raison de la distraction des choses telles que l’identification erronée, on est conduit à lutter pour le calme mental. Reconnaissant cette tendance, je suis maintenant affermi. 12.3

En abandonnant le sentiment de rejet et d’acceptation, et plaisir et déception cessant aujourd’hui, brahmane, je suis affermi. 12.4

La vie dans une communauté, puis aller au-delà d’un tel État, la méditation et l’élimination des objets faits d’esprit — par le biais desquels j’ai vu mon erreur, et je suis maintenant affermi. 12.5

Tout comme la performance des actions est due à l’ignorance, de sorte que leur abandon l’est aussi. En reconnaissant pleinement cette vérité, je suis maintenant affermi. 12.6

Essayer de penser l’impensable, est quelque chose qui n’est pas naturel à la pensée. Abandonnant une telle pratique, donc, je suis maintenant affermi. 12.7

Celui qui a réalisé ceci a atteint l’objectif de la vie. Celui qui est de telle nature a fait ce qu’il faut faire. 12.8

Chapitre XIII

Janaka :

La liberté intérieure de n’avoir rien est difficile à réaliser, même avec un simple pagne, mais je vis comme il me plaît abandonnant à la fois le renoncement et l’acquisition. 13.1

Parfois, on éprouve de la détresse du fait de son corps, parfois en raison de sa langue, et parfois en raison de son esprit. Abandonnant tout cela, je vis comme il me plait dans l’accomplissement de l’existence humaine. 13.2

Reconnaissant que, en réalité, aucune action n’est jamais commise, je vis comme il me plait, juste faisant ce qu’il y a à faire. 13.3

Les yogis qui s’identifient avec leur corps sont insistants sur le respect et l’évitement de certaines actions, mais je vis comme il me plaît abandonnant l’attachement et de rejet. 13.4

Aucun profit ou perte qui vienne à moi en me tenant debout, en marchant ou bien couché, alors par conséquent, je vis comme il me plaît debout, marchant ou de dormant. 13.5

Je ne perds rien en dormant et ne gagne par l’effort, donc par conséquent, je vis comme il me plaît, abandonnant pertes et succès. 13.6

Observant souvent les inconvénients de ces choses comme des objets agréables, je vis comme il me plaît, abandonnant le plaisant et le déplaisant. 13.7

Chapitre XIV

Janaka :

Celui qui, par nature, est vide d’esprit, et qui pense aux choses sans intention, est libéré du souvenir volontaire comme on l’est d’un rêve éveillé. 14.1

Quand mon désir a été éliminé, pourquoi aurais-je fortune, amis, sens trompeurs, écritures ou connaissance ? 14.2

Réalisant ma suprême nature propre en la personne du Témoin, le Seigneur, et l’état sans désir dans la servitude ou la libération, je ne me sens inclination pour la libération. 14.3

Les différents états de celui qui est vide d’incertitude intérieure, et qui erre au sujet de ce qu’il veut comme un fou, peut seulement être connu par quelqu’un dans le même état. 14.4

Chapitre XV

Ashtavakra :

Si un homme de l’intelligence pure peut atteindre la plupart des objectifs usuels de l’enseignement, un autre peut chercher la connaissance toute sa vie et rester perplexe. 15.1

La libération est aversion pour les objets des sens. La servitude, c’est l’amour des sens. Il s’agit là de la connaissance. Maintenant, fais comme il te plaît. 15.2

Cette prise de conscience de la vérité rend l’homme éloquent, intelligent et énergique, muet, stupide et paresseux, aussi il est évité par ceux dont le but est le plaisir. 15.3

Tu n’es pas le corps, ni le corps n’est tien, ni tu es l’auteur d’actions ou de le moissonneur de leurs conséquences. Tu es éternellement pure conscience du témoin, n’ayant besoin de rien — alors vis heureux. 15.4

Le désir et la colère sont des objets de l’esprit, mais l’esprit n’est pas le tien, ni ne l’a jamais été. Tu es sans choix, éveil à la conscience même et immuable — donc vis heureux. 15.5

Se reconnaissant soi-même dans tous les êtres, et tous les êtres en soi, sois heureux, libre du sens des responsabilités et sans souci du « moi ». 15.6

Ta nature est la conscience, dans laquelle le monde entier s’échappe, comme des vagues dans la mer. C’est ce que tu es, sans aucun doute, donc sois libre de trouble. 15.7

Aie confiance, mon fils, aie la foi. Ne te laisse pas faire par l’illusion. Tu es toi-même le Seigneur, dont l’attribut est la connaissance, et au-delà de la causalité naturelle. 15.8

Le corps investi des sens est toujours debout, et va et vient. Toi-même, ni ne viens ni ne vas, alors pourquoi te préoccuper d’eux ? 15.9

Que le corps dure jusqu’à la fin de l’âge, ou qu’il finisse maintenant. Qu’as-tu gagné ou perdu, toi qui te composes de la conscience pure ? 15.10

Laisse lever la vague du monde ou disparais selon ta propre nature, dans le grand océan. Ce n’est pas un gain ou une perte pour toi. 15.11

Mon fils, tu te composes de conscience pure, et le monde n’est pas séparé de toi. Alors, qui est pour accepter ou le refuser, et comment, et pourquoi ? 15.12

Comment peut être la naissance, le karma ou la responsabilité en cette immuable unité, pacifique, conscience sans tache et infinie que tu es. 15.13

Tout ce que tu vois, c’est toi seul qui t’y manifeste. Comment bracelets ou bracelets de cheville pourraient être différent de l’or ? 15.14

Abandonnant de telles distinctions telles que « C’est ce que je suis », et « je ne suis pas cela », reconnaît que « tout est moi", et sois sans distinction et heureux. 15.15

C’est par ton ignorance que tout cela existe. En réalité, toi seul existe. En dehors de toi, il n’y a personne à l’intérieur ou au-delà du cycle des réincarnations. 15.16

Sachant que tout cela est une illusion, on devient libre du désir, réceptivité pure et paix, comme si rien n’existait. 15.17

Une seule chose a existé, existe et existera dans l’océan de l’être. Tu n’as pas de servitude ou de libération. Vis heureux et comblé. 15.18

Etant une conscience pure, ne dérange pas ton esprit avec des pensées de pour et de contre. Sois en paix et reste heureux en toi-même, essence même de la joie. 15.19

Renonce complètement à la pratique de concentration et ne tiens rien dans ton esprit. Tu es libre dans ta nature, aussi que réaliserais tu en travaillant ton cerveau ? 15.20

Chapitre XVI

Ashtavakra :

Mon fils, Tu pourrais réciter ou écouter les écritures innombrables, mais tu ne seras pourtant pas en leur sein jusqu’à ce que tu aies tout oublié. 16.1

Tu pourrais en tant qu’homme instruit te livrer à la prospérité, à l’activité et la méditation, mais ton esprit sera encore en demande pour ce qui est la cessation du désir, et au-delà de tous les objectifs. 16.2

C’est à cause de l’effort que chacun est dans la douleur, mais personne ne s’en rend compte. Par cette instruction simple, le chanceux atteint la tranquillité. 16.3

Le bonheur n’appartient à personne d’autre qu’à l’homme suprêmement paresseux pour qui même ouvrir et fermer les yeux est une peine. 16.4

Quand l’esprit est libéré de ces paires d’opposés comme, « Je l’ai fait », et « je n’ai pas fait cela », il devient indifférent au mérite, à la richesse, à la sensualité et à la libération. 16.5

Un homme est sobre et répugne aux sens, un autre est avide et attaché à eux, mais celui qui est libre à la fois de prendre et de rejeter n’est ni sobre ni gourmand. 16.6

Tant que le désir, qui est l’état de l’absence de discrimination, reste, le sentiment de répulsion et d’attraction, qui est la racine et la branche du cycle des réincarnations, restera. 16.7

Le désir vient de l’usage, et l’aversion de l’abstention, mais l’homme sage est libre des paires d’opposés comme un enfant, et devient établi. 16.8

L’homme passionné veut se débarrasser du cycle des réincarnations afin d’éviter la douleur, mais l’homme sans passion est sans douleur et ne ressent aucune souffrance même en cela. 16.9

Celui qui est fier de la libération même ou de son propre corps, et les sent comme s’ils étaient les siens, n’est ni un devin ni un yogi. Il est seulement une victime. 16.10

Si même Shiva, Vishnu ou Brahma né du lotus furent tes instructeurs, jusqu’à ce que tu aies oublié toute chose tu ne pourrais d’établir. 16.11

Chapitre XVII

Ashtavakta dit :

Qui est satisfait, avec les sens purifiés, et toujours jouie de la solitude, a gagné le fruit de la connaissance et aussi le fruit de la pratique du yoga aussi. 17.1

Celui qui connaît la vérité n’est jamais en difficulté dans ce monde, car l’ensemble du cycle monde est plein de lui-même. 17.2

Aucun de ces sens ne plaisent un homme qui a trouvé satisfaction à l’intérieur de lui, tout comme les feuilles Nimba ne plaisent à l’éléphant qui a le goût des feuilles de Sallaki. 17.3

Détaché des choses qu’il a appréciées, et ne se languissant plus des choses qu’il n’a pas eues, un tel homme est difficile à trouver. 17.4

Ceux qui désirent le plaisir et ceux qui veulent la libération se trouvent tous dans le cycle des réincarnations, mais l’homme de grande âme qui ne désire ni plaisir ni libération est rare. 17.5

Ce n’est que le noble esprit qui est libre de l’attraction ou la répulsion pour la religion, la richesse, la sensualité, et de la vie et la mort aussi. 17.6

Il ne ressent aucun désir pour l’élimination de tout cela, ni colère à sa poursuite, ainsi l’homme heureux vit heureux avec tous les moyens de subsistance présents. 17.7

Ainsi, rempli par cette connaissance, content et avec l’esprit vidé, il vit heureux à juste voir, entendre, ressentir, sentir et gouter. 17.8

Dans celui pour lequel l’océan du cycle des réincarnations s’est tari, il n’y a ni attachement ni aversion. Son regard est libre, son comportement sans but, et ses sens inactifs. 17.9

Certes, l’état suprême est partout pour l’esprit libéré. Il n’est ni éveillé ni endormi, et n’ouvre ni ne ferme les yeux. 17.10

L’homme libéré est resplendissant partout, libre de tout désir. Partout il apparaît plein de sang-froid et pur de cœur. 17.11

Voyant, entendant, ressentant, sentant, goûtant, parlant et marchant, l’homme de grande âme qui est libéré d’essayer d’atteindre ou d’éviter tout est vraiment libre. 17.12

L’homme libéré est partout libre de désirs. Il ne blâme pas, ne loue pas, ne se réjouit pas, n’est pas déçu, et ne donne ni ne prend. 17.13

Qui est une grande âme est tout aussi imperturbable dans l’esprit et de sang-froid à la vue d’une femme pleine de désir qu’à l’approche de la mort, il est vraiment libéré. 17.14

Il n’y a pas de distinction entre le plaisir et la douleur, l’homme et la femme, le succès et l’échec pour l’homme sage qui regarde tout avec égalité. 17.15

Il n’y a pas d’agression ou de compassion, pas d’orgueil ou de l’humilité, nulle merveille ou confusion pour l’homme dont sont terminés le jeu des jours à courir. 17.16

L’homme libéré ne dédaigne pas les sens et n’est pas non plus attaché à eux. Il jouit toujours avec un esprit détaché à la fois dans la réalisation et la non-réalisation. 17.17

Qui est établi dans l’état absolu avec l’esprit vide ne connais pas l’alternative du calme intérieur et du manque de calme et du bien et du mal. 17.18

Libre du « moi » et du « mien » et du sens des responsabilités, conscient que « rien n’existe », avec tous les désirs éteints à l’intérieur, l’homme n’agit pas, même en agissant. 17.19

Celui dont l’esprit pensant est dissout atteint l’état indescriptible et il est libre de l’écran mental de l’illusion, du rêve et de l’ignorance. 17.20

Chapitre XVIII

Ashtavakra :

Louange à qui de la prise de conscience de l’illusion devient lui-même rêve, à qui est un pur bonheur, paix et lumière. 18.1

On peut obtenir toutes sortes de plaisir par l’acquisition de divers objets de jouissance, mais on ne peut pas être heureux que par l’abandon de tout. 18.2

Comment cela pourrait être le bonheur, pour celui qui est consumé à l’intérieur par le soleil brûlant de la douleur de ce qu’il devait faire, sans la pluie du nectar de la paix ? 18.3

Cette existence est toute imagination. Il n’y a rien dans la réalité, mais il n’y a pas de non-être par nature qui sache comment distinguer l’être du non être. 18.4

Le royaume de Soi-même n’est pas loin, et il ne peut être atteint par la somme des restrictions à sa propre nature. Il est inimaginable, sans effort, immuable et sans tache. 18.5

Par la simple élimination de l’illusion et la reconnaissance de sa véritable nature, ceux dont la vision est sans nuage vivent libre de douleur. 18.6

Sachant tout comme venant de l’imagination, et Lui-même comme éternellement libre, comment le sage pourrait-il se comporter comme un fou ? 18.7

Se sachant comme étant Dieu, et être et non-être comme juste imagination, que devrait savoir, dire ou faire l’homme libre ? 18.8

Des considérations comme « je suis ceci » ou « je ne suis pas cela » sont terminées pour le yogi qui est allé silencieux réalisant "Tout cela c’est moi-même ». 18.9

Pour le yogi qui a trouvé la paix, il n’y a pas de distraction ou de concentration, pas plus de connaissances ou de ignorance, pas de plaisir et aucune douleur. 18.10

La domination du ciel ou la mendicité, le gain ou la perte, la vie parmi les hommes ou dans la forêt, cela ne fait aucune différence pour un yogi dont la nature est d’être libre de distinctions. 18.11

Il n’y a pas de religion, de richesse, de sensualité ou de discrimination pour un yogi libre des paires d’opposés tels que « Je l’ai fait » ou « je n’ai pas fait cela ». 18.12

Il n’y a rien à avoir besoin d’être fait, ou quelque attachement dans son cœur pour le yogi libéré de son vivant. Les choses ne sont là que pour une durée de vie. 18.13

Il n’y a pas d’illusion, de monde, de méditation sur Cela, ou de libération pour l’âme pacifiée et grande. Toutes ces choses ne sont que le royaume de l’imagination. 18.14

Celui par qui tout cela est vu peut ainsi distinguer qu’il n’existe pas, mais que faire de l’absence de désir ? Même en voyant il ne voit pas. 18.15

Celui par qui le Suprême Brahma est vu peut penser « Je suis Brahma », mais que ferait-il à penser lui qui est sans pensée, et qui ne voit pas de dualité. 18.16

Celui par dont la distraction intérieure est vue peut mettre un terme à cela, mais qui est noble n’en est pas distrait. Quand il n’y a rien à atteindre, qui a-t-il à faire ? 18.17

Le sage, contrairement à l’homme commun, ne voit pas l’immobilité intérieure, la distraction ou la faute en lui-même, même quand il vit comme un homme ordinaire. 18.18

Rien n’est fait par celui qui est libre de l’être et du non-être, qui se contente, sans désir et sage, même si aux yeux du monde, il agit. 18.19

L’homme sage qui va juste faire ce que se présente à lui de faire, ne rencontre pas de difficulté dans l’activité ou l’inactivité. 18.20

Celui qui est sans désir, autonome, indépendant et libre des servitudes s’envole comme une feuille morte au vent de la causalité. 18.21

Il n’y a ni joie ni tristesse pour celui qui a transcendé le cycle des réincarnations. Il vit toujours avec un esprit paisible et comme s’il était sans corps. 18.22

Celui dont la joie est en lui-même, et qui est paisible et pur en lui n’a pas de désir de renonciation ou de sentiment de perte de quoi que ce soit. 18.23

Pour l’homme d’un esprit naturellement vide, faisant tout comme il lui plaît, il n’y a pas de telles choses telles l’orgueil ou la fausse humilité, comme il en existe pour l’homme naturel. 18.24

« Cette action a été faite par le corps, mais pas par moi ». La personne pure humeur pensant comme cela, n’agit pas même quand elle agit. 18.25

Celui qui agit sans pouvoir dire pourquoi, mais pas parce qu’il est un fou, est libéré de son vivant, heureux et béni. Il prospère même dans le cycle des réincarnations. 18.26

Celui qui en a assez des considérations sans fin et a atteint à la paix, ne pense, sait, voit ou n’entend pas. 18.27

Celui qui est au-delà de l’immobilité mentale et la distraction, ne veut pas la libération ou toute autre chose. Reconnaissant que les choses ne sont que des constructions de l’imaginaire, la grande âme vit comme Dieu ici et maintenant. 18.28

Celui qui se sent responsable à l’intérieur, agit, même quand il n’agit pas, il n’y a aucun sens de faire ou défaire pour l’homme sage qui est libre du sens des responsabilités. 18.29

L’esprit de l’homme libéré n’est pas excédé ou le comblé. Il brille immobile, sans désirs, et libéré du doute. 18.30

Celui dont l’esprit n’entreprend pas de méditer ou d’agir, médite et agit sans avoir d’objectif. 18.31

Un homme stupide est troublé quand il entend la vérité, tandis qu’un homme de l’esprit est modeste de cela, tout comme le fou. 18.32

Les ignorants font un grand effort à la pratique d’un perfectionnisme et l’arrêt de la pensée, tandis que les sages ne voient rien devant être fait et restent en eux-mêmes comme ceux qui sont endormis. 18.33

Le stupide n’atteint pas la cessation qu’il agisse ou abandonne l’action, tandis que le sage trouve la paix en connaissant simplement la vérité. 18.34

Les gens ne peuvent en venir à se connaître par des pratiques aussi doté de conscience pure, claire, complète, au-delà de la multiplicité et irréprochables soient-ils. 18.35

Le stupide ne parvient pas à la libération, même par la pratique régulière, alors que l’heureux homme reste libre et sans action simplement par la discrimination. 18.36

Le stupide n’atteint pas la Divinité, car il veut la devenir, tandis que le sage jouit de la divinité suprême, sans même le vouloir. 18.37

Même quand on vit sans aucun soutien et avide de réussite, les stupides nourrissent encore le cycle des réincarnations, tandis que les sages ont coupé la racine même du malheur. 18.38

Le stupide ne trouve pas la paix parce qu’il la veut, alors que les sages voyant la vérité sont toujours d’esprit pacifique. 18.39

Comment y aurait-il connaissance de soi pour celui dont la connaissance dépend de ce qu’il voit. Les sages ne voient pas ceci ou cela, mais se considèrent comme sans fin. 18.40

Comment y aurait-il cessation de la pensée pour les égarés qui s’y efforcent. Pourtant, cela est toujours là naturellement pour l’homme sage se délectant de lui-même. 18.41

Certains pensent qu’il existe quelque chose, et d’autres que rien n’existe. Rare est l’homme qui ne pense ni l’un ni l’autre, et est ainsi libre de distraction. 18.42

Ceux de faible intelligence se savent comme des non-dualités pure, mais en raison de leur illusion ils ne le connaissent pas, et ne sont pas remplis pendant leur vie. 18.43

L’esprit de l’homme qui cherche la libération ne peut trouver aucun lieu de repos à l’intérieur, mais l’esprit de l’homme libéré est toujours libre de la volonté par le fait même d’être sans avoir un lieu de repos. 18.44

Voyant les tigres des sens, la effrayés chercheurs d’asile à la fois entrent dans la grotte de la recherche de la cessation de la pensée et de la concentration. 18.45

En voyant le lion sans désir les éléphants des sens s’enfuient en silence, ou, s’ils ne le peuvent pas, lui servent de courtisans. 18.46

L’homme qui est exempt de doutes et dont l’esprit est n’a rien à faire des moyens de libération. Qu’il voit, entende, sente une odeur ou goût, il vit avec aise. 18.47

Celui dont l’esprit est pur et non distrait de la simple audition de la Vérité ne voit ni quelque chose à faire, ni quelque chose à éviter, ni une cause à l’indifférence. 18.48

La personne simple fait tout ce qui a à être fait, bon ou mauvais, et ses actions sont comme celles d’un enfant. 18.49

Par la liberté intérieure on atteint le bonheur, par la liberté intérieure on atteint le suprême, par la liberté intérieure vient de l’absence de pensée, par la liberté intérieure vient l’état ultime. 18.50

Quand on se voit comme ni le semeur ni le moissonneur des conséquences, toutes les vagues de l’esprit arrivent à leur terme. 18.51

Le comportement spontanément réservé des sages est remarquable, mais pas le calme délibéré de l’idiot. 18.52

Les sages qui sont débarrassés de l’imagination, non reliés et avec une conscience libre peuvent s’amuser au milieu de nombreux biens, ou encore partir pour des grottes de montagne. 18.53

Il n’y a pas d’attachement dans le cœur d’un homme sage s’il voit ou rend hommage à un brahmane savant, un être céleste, un lieu saint, une femme, un roi ou un ami. 18.54

Un yogi n’est pas le moins du monde humilié par le ridicule des serviteurs, des fils, des épouses, petits-enfants ou d’autres parents. 18.55

Même si honoré il n’est pas content, ne souffrant pas, même dans la douleur. Seuls ceux tels que lui peuvent connaître l’état merveilleux d’un tel homme. 18.56

C’est le sens de la responsabilité qui est le cycle des réincarnations. Les sages qui sont de la forme du vide, sans forme, immuables et sans tache ne vois pas une telle chose. 18.57

Même ne faisant rien le fou est agité par sa dissipation, tandis qu’un homme habile reste paisible, même faisant ce qu’il y a à faire. 18.58

Heureux celui qui se tient debout, heureux qui est assis, heureux celui qui dort et heureux qui va et vient. Heureux celui qui parle, et heureux qui mange. Telle est la vie d’un homme en paix. 18.59

Celui qui de sa nature même, ne ressent pas le malheur dans sa vie quotidienne, comme les gens ordinaire, reste intacte comme un grand lac, toutes les douleurs disparues. 18.60

Même l’abstention de l’action conduit un fou à l’action, alors même que l’action de l’homme sage apporte les fruits de l’inaction. 18.61

Un fou montre souvent de l’aversion envers ses biens, mais pour celui qui n’a plus d’attachement au corps, il n’y a ni attachement ni aversion. 18.62

L’esprit de l’insensé est toujours pris dans un avis d’éviter ou de devenir quelque chose, mais la nature de l’homme sage est de ne pas avoir d’opinion sur le devenir et les choses à éviter. 18.63

Pour le visionnaire qui se comporte comme un enfant, sans désir dans toutes les actions, il n’y a pas d’attachement pour un tel pur être, même dans le travail qu’il accomplit. 18.64

Béni soit celui qui se connaît et est le même dans tous les états, avec un esprit libre de soif quand bien même il voit, entend, touche, sent ou de goûte. 18.65

Nul n’est soumis au cycle des réincarnations, au sens de l’individualité, à l’objectif ou aux moyens requis pour l’atteindre pour l’homme sage qui est toujours libre de l’imagination, et aussi immuable que l’espace. 18.66

Glorieux est celui qui a abandonné tous les buts et est l’incarnation de la satisfaction, sa nature même, et dont l’intérieur concentré sur l’inconditionné est tout à fait spontanée. 18.67

En bref, l’homme de grande âme qui a appris à connaître la Vérité est sans désir pour le plaisir ou la libération, et il est toujours et partout sans attachement. 18.68

Que reste-il à être fait pour l’homme qui est la conscience pure et a abandonné tout ce qui peut être exprimé en mots du haut du ciel à la terre elle-même ? 18.69

L’homme pur qui a connu la paix indescriptible atteint la paix par sa propre nature, sachant que tout cela n’est qu’illusion, et que rien n’est. 18.70

Il n’y a pas de règles, de sérénité, de renonciation ou de méditation pour celui qui est pur réceptivité par nature, et n’admet aucune forme connaissable de l’être. 18.71

Pour celui qui brille de l’éclat de l’infini et n’est pas soumis à la causalité naturelle il n’y a ni servitude, ni libération, ni plaisir, ni douleur. 18.72

Dans le cycle des réincarnations règne la pure illusion qui se poursuivra jusqu’à la réalisation de soi, mais l’homme éclairé vit par la beauté de la libération du moi et du mien, du sens des responsabilités et de tout attachement. 18.73

Pour le visionnaire qui se sait impérissable et au-delà la douleur il n’y a ni connaissance, ni sens à je suis le corps ou à le corps est mien. 18.74

A peine un homme de faible intelligence abandonne des activités telles que l’élimination de la pensée qu’il tombe dans une course de chars mentale et babille. 18.75

Un imbécile ne peut pas se débarrasser de sa bêtise, même en écoutant la vérité. Il peut apparaître extérieurement comme libéré de l’imaginaire, mais à l’intérieur il est encore avide des sens. 18.76

Bien qu’aux yeux du monde, il soit actif, l’homme qui s’est défait de l’action par la connaissance ne trouve nul moyen de faire quoi que ce soit ou de parler de quoique ce soit. 18.77

Pour l’homme sage qui est toujours immuable et sans peur il n’y a ni ténèbres ni lumière, ni destruction, ni rien. 18.78

Il n’y a ni bravoure, ni prudence ni courage pour le yogi dont la nature est au-delà de la description et libre de l’individualité. 18.79

Il n’est ni paradis ni enfer, ni même liberté au cours de la vie. En un mot, à la vue du visionnaire, rien n’existe du tout. 18.80

Il n’aspire ni à posséder des biens, ni n’est affligé de leur absence. L’esprit calme du sage est plein de nectar d’immortalité. 18.81

L’homme serein ne loue pas le bien ni ne blâme les méchants. Retenu et égal dans la douleur et le plaisir, il ne voit rien qu’il faille faire. 18.82

L’homme sage ne déteste pas le cycle des réincarnations ni ne cherche à en connaître. Libre du plaisir et de l’impatience, il n’est pas mort et il n’est pas vivant. 18.83

Le sage se distingue en étant exempt d’anticipation, sans attachement aux choses telles qu’enfants ou épouses, libérer du désir pour les sens, et même pas préoccupé par son propre corps. 18.84

La paix est partout pour le sage qui vit de ce qui vient à lui, va où bon lui semble, et de dors là où le soleil se couche. 18.85

Que son corps de lève ou s’effondre, la grande âme ne lui donne aucune pensée, ayant tout oublié du cycle des réincarnations en s’immobilisant sur le sol de sa véritable nature. 18.86

Le sage a la joie d’être complet en lui-même et sans biens, agissant comme il lui plaît, libre de la dualité et débarrassé des doutes, sans attachement à toute créature. 18.87

Le sage excelle à être dénué du sens de « moi ». La Terre, une pierre ou de l’or sont les mêmes pour lui. Les nœuds de son cœur ont été déchirés, et il est libéré de la cupidité et l’aveuglement. 18.88

Qui peut être comparé avec cette âme libérée et comblée qui ne tient compte de rien et n’a aucun désir oublié dans son cœur ? 18.89

Qui d’autre que l’honnête homme sans désir sait sans savoir, voit sans voir et parle sans parler ? 18.90

Mendiant ou roi, il est celui qui excelle à être sans désir, et dont l’opinion sur les choses est débarrassé des « bons » et « mauvais ». 18.91

Il n’y a ni comportement dissolu ni vertu, ni même la discrimination de la vérité pour le sage qui a atteint l’objectif et est l’incarnation même de la sincérité naïve. 18.92

Comment peut-on décrire ce qui est vécu au sein d’un sans désir et sans douleur, et heureux de se reposer en lui-même — et à qui ? 18.93

Le sage qui est heureux, en toutes circonstances ne dort pas, même dans le sommeil profond, ne dort pas dans un rêve, ni n’est éveillé quand il est éveillé. 18.94

Le visionnaire est sans pensées, même quand il pense, sans sens parmi les sens, sans compréhension, même dans la compréhension et sans sens de la responsabilité même en l’ego. 18.95

Ni heureux ni malheureux, ni détaché ni lié, ni cherchant la libération ni libéré, il n’est ni quelque chose, ni rien. 18.96

Non distrait dans la distraction, en une immobilité mentale sans assurance, dans une innocence qui n’est pas bête, ce bienheureux n’est même pas sage dans sa sagesse. 18.97

L’homme libéré est posé en toutes circonstances et sans l’idée de « faire » et « reste à faire ». Il en est de même partout, il est et sans cupidité. Il ne s’attarde pas sur ce qu’il a fait ou pas fait. 18.98

Il n’est pas heureux de l’éloge, ni bouleversé du blâme. Il n’a pas peur de la mort, ni n’est attaché à la vie. 18.99

Un homme en paix ne court pas aux réunions animées ou à la forêt. Quoiqu’il arrive et où qu’il soit, il reste le même. 18.100

Chapitre XIX

Janaka :

Aidé de la pince de la connaissance de la vérité, j’ai réussi à extraire l’épine douloureuse des réflexions sans fin du fond de mon cœur. 19.1

Pour moi, établi dans ma propre gloire, il n’y a pas de religion, de sensualité, de possessions, de philosophie, de dualité, voire de non-dualité. 19.2

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n’y a pas de passé, de futur ou de présent. Il n’y a pas d’espace ni même d’éternité. 19.3

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n’y a pas de soi ni de non-soi, pas de bien ni de mal, pas de pensée ni même d’absence de pensée. 19.4

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n’y a ni rêve ni sommeil profond, pas de réveil, ni de quatrième état au-delà, et certainement rien à craindre. 19.5

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n’y a rien de loin et rien à proximité, rien à l’intérieur ni à l’extérieur, rien de grand et rien de petit. 19.6

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n’y a pas de vie ou de mort, pas de mondes ni de choses du monde, pas distraction ni silence de l’esprit. 19.7

Pour moi restant en moi, il n’est pas nécessaire de parler des trois buts de la vie, du yoga ou de la connaissance. 19.8

Chapitre XX

Janaka :

Dans ma nature intacte il n’y a pas d’éléments, pas de corps, pas de facultés, pas d’esprit. Il n’y a ni vide ni angoisse. 20.1

Pour moi, qui n’aie plus le sens du dualisme, il n’y a pas d’écritures, pas d’auto-connaissance, nul esprit libre d’un objet, pas de satisfaction et pas de liberté du désir. 20.2

Il n’y a ni connaissance ni ignorance, pas de « moi », « ceci » ou « mien », pas de servitude, pas de libération, et pas d’attribut de nature même. 20.3

Pour celui qui est toujours libre des caractéristiques individuelles il n’y a pas d’action antécédente de causalité, pas de libération au cours de la vie, et aucun accomplissement au moment de la mort. 20.4

Pour moi, libre de l’individualité, il n’y a ni semeur et ni moissonneur des conséquences, pas de cessation de l’action, rien qui découle de la pensée, aucun objet immédiat, et aucune idée de résultat. 20.5

Il n’y a pas de monde, nul chercheur de libération, nul yogi, nul visionnaire, aucun homme lié ni homme libre. Je reste dans ma propre nature non-duale. 20.6

Il n’y a pas d’émanation ni de retour, pas de but, ni moyens, ni homme en recherche ou en réalisation. Je reste dans ma propre nature non-duale. 20.7

Pour moi qui suis toujours sans tache, il n’y a pas de juge, pas de norme, rien à juger, et pas de jugement. 20.8

Pour moi qui suis pour toujours sans action, il n’y a pas de distraction n concentration, ni manque, pas de compréhension, ni bêtise, ni joie et ni chagrin. 20.9

Pour moi qui suis toujours libre de délibération il n’y a ni vérité conventionnelle, ni vérité absolue, ni bonheur ni souffrance. 20.10

Pour moi qui suis à jamais pur, il n’y a pas d’illusion, pas de cycle des réincarnations, ni attachement ni détachement, nul être vivant et pas de Dieu. 20.11

Pour moi qui suis à jamais immobile et indivisible, conforté en moi-même, il n’y a pas d’activité ou d’inactivité, pas de libération et aucune servitude. 20.12

Pour moi qui suis béni et sans limitation, il n’y a pas d’initiation ni de saintes Écritures, ni disciple ni maître, et pas de but à l’existence humaine. 20.13

Il n’y a pas d’être ou de non-être, pas d’unité ou de dualité. Qu’y a-t-il à dire de plus ? Rien ne naît de moi. 20.14

  1. Gita signifie « chant », le plus connu étant La Bhagavad Gîtâ
  2. Ashtavakra Gita, Wikisource en anglais
  3. अष्टावक्रगीता, Wikisource en sanskrit