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à sa richesse et à sa célébrité, sans compter le cardinal de Bernis, qui avait le premier embouché la trompette. De trop vives louanges provoquent toujours d’extrêmes critiques. Nous aimons mieux, rester dans une appréciation mesurée et dire que Gagnereaux ne s’était encore élevé, par aucun de ses tableaux, à la hauteur de sa réputation. Dans la multitude de ses œuvres, nous en distinguons cependant deux qui se recommandent par d’excellentes qualités de peinture et de composition, la Bataille de Senef et le Grand Condé passant le Rhin. Une œuvre profondément originale, c’est Soranus et Servilie, la meilleure page de Gagnereaux, et nous la louons d’autant plus volontiers qu’elle a été faite pour la France. Les types, consciencieusement étudiés, sont d’un caractère réellement plein d’énergie, de mâle, tristesse, d’austère résignation. La couleur est sobre, sans tapage, sans discordante ; une impression calme, mnjestueuse, domine le tableau et nous pénètre malgré nous. Celte seule toile nous rend plus pénible la perte de cet artiste, qu’une affreuse catastrophe ravit, jeune encore, à l’art et k l’estime de ses concitoyens. A l’âge de trente-neuf ans, il s’éprit d’amour pour une jeune fille qui en comptait dix-sept. Il se berçait du doux espoir d’être aimé. Comblé d’honneurs par le duc de Toscane, membre de l’Académie des beaux-nrts de Florence et de celle des Forti de Home, il ne redoutait aucune rivalité et s’endormait, confiant dans le succès de son amour, quand il s’aperçut de la vanité de ses prétentions et de l’infidélité de sa maîtresse. Sa raison ne put résister k un si rude choc, et, la tête perdue, il se précipita dans la rue par la fenêtre de son atelier, le 18 août 1795. Quatre ans après sa mort, l’Institut donnait à son tableau de Soranus et Servilie le premier prix de l’exposition de 1799 ; hommage tardif, qui vint jeter sur la tombe du peintre mort un dernier et fugitif éclat.

GAGNEUR, EU SE s. (ga-gneur, eu-ze ; gn mil. — rad. gagner). Personne qui gagne, qui fait des profits : Un gagneur d’argent.

— Personne qui l’emporte, qui est victorieuse : Napoléon était un grand gagneur de batailles. (Chateaub.) Ce fut par les combats de Senef que le grand Condé termina sa carrière de gagneur de batailles, (Sismondi.) ii Personne qui gagne habituellement au jeu : Un gagneur des plus heureux.

GAGNEUR (Wladimir), homme politique et publiciste français, né à Poligny (Jura) en 1807. Son père siégea à la Chambre des députés sous le gouvernement de la Restauration. Il se rendit à Paris, où il fit ses études de droit, mais il ne suivit point la carrière d’avocat. De retour dans sa ville natale, il consacra ses loisirs à étudier les questions économiques et sociales. Comprenant la puissance de l’association et les bienfaits qu’elle pourrait rendre aux classes ouvrières, M. Gagneur s’attacha à en faire ressortir les avantages par des articles insérés dans des journaux et dans divers écrits. La révolution de 1848, qui substitua le gouvernement républicain à la monarchie, fut accueillie avec joie par M. Gagneur, qui professait les opinions démocratiques avancées. Il continua avec une ardeur nouvelle à propager les idées socialistes, à combattre l’esprit de réaction qui menaçait de détruire les institutions nouvelles, et comme il n’était pas seulement un théoricien, mais aussi un homme d’action, il n’hésita point, à la nouvelle du coup d’État du 2 décembre, à organiser la résistance dans le Jura et à appeler la population aux armes pour défendre la République ; mais une fois encore le droit devait être écrasé par la force, et M. Gagneur, pris les armes à la main, fut jeté en prison et condamné à dix ans de déportation à Cayenne. Sa peine ayant été commuée en celle de l’exil, il se rendit en Belgique. Au bout de quelque temps, le gouvernement de ce pays le chargea de faire un rapport sur les associations agricoles françaises, et il reçut alors l’autorisation de rentrer en France. Pendant plusieurs années, il s’abstint de s’occuper de politique active, mais il poursuivit ses études économiques et continua à écrire dans les journaux, où il s’occupa tout particulièrement des associations agricoles et des systèmes coopératifs. En 1855, il épousa une jeune fille de dix-huit ans, dont la sérieuse tournure d’esprit l’avait séduit, et qui devait, par ses ouvrages, donner à son nom une grande et rapide notoriété. En 1869, sur les instances de M. Grévy, qui patronna sa candidature, il se présenta dans la troisième circonscription du Jura comme candidat de l’opposition démocratique, et fut élu député au Corps législatif. Il alla siéger à la Chambre sur les bancs de la gauche irréconciliable, avec laquelle il a constamment voté, sans prendre, toutefois, une part active aux discussions de la tribune. Nous citerons, parmi les ouvrages de M. Gagneur : les Fruitières (Poligny, 1839), écrit relatif à l’association pour la fabrication des fromages de Gruyère ; le Crédit à bon marché ou Guerre à l usure (Poligny, 1849), où il expose un système de crédit rural sur gages ; le Socialisme pratique (Poligny, 1850), où il s’occupe principalement des associations agricoles. — Son frère, François-Joseph-Frédéric Gagneur, né en 1809, entra à l’École polytechnique et suivit la carrière des armes. Il est général de brigade depuis 1867.


GAGNEUR (Louise N., dame), romancière française, femme du précédent, née dans le département du Jura vers 1837. Mise dans un couvent pour y faire son éducation, elle y montra de bonne heure une vive et précoce intelligence, et en sortit avec des impressions peu favorables aux idées catholiques. Son esprit sérieux mûrit vite, et, à dix-huit ans, à l’âge où les jeunes filles songent à tout autre chose qu’aux questions sociales, elle fit paraître une brochure sur les associations ouvrières. Cet écrit tomba entre les mains de M. Wladimir Gagneur, qui voulut en connaître l’auteur, fut charmé de la tournure de son esprit, et n’hésita point, malgré une grande disproportion d’âge, à l’épouser (1855). Depuis cette époque, la jeune femme a poursuivi avec une constante ardeur ses études littéraires et philosophiques, s’est associée complètement aux idées de son mari, qui l’encouragea dans ses travaux, et, comme elle est douée d’une vive imagination, elle s’est mise à écrire des romans destinés à vulgariser ses idées sociales. Elle débuta, en 1859, dans le Siècle, par une nouvelle intitulée l’Expiation ; puis elle a fait paraître, dans ce même journal, plusieurs romans, dont quelques-uns ont obtenu un grand succès et ont rapidement fondé sa réputation. Tels sont : une Femme hors ligne (1861, in-18), ouvrage dans lequel elle fait une piquante satire des mœurs provinciales ; un Drame électoral (1863, in-18) ; la Croisade noire (1865, in-18), roman dans lequel on trouve fortement accusées ses tendances anticléricales, et où elle a retracé des souvenirs de sa jeunesse ; le Calvaire des femmes (1867, in-18) ; les Réprouvés (1867, in-18) ; les Forçats du mariage (1869), récit publié dans le Figaro, etc. Les ouvrages de Mme Gagneur sont écrits dans un style facile, élégant, souvent coloré ; ils se lisent avec intérêt et sont traversés par un souffle d’indignation généreuse contre les iniquités sociales. L’auteur y prend avec chaleur la défense des faibles et des opprimés et y plaide fréquemment, avec une éloquence communicative, la cause de l’émancipation et de la liberté.

GAGNI, ou GAGNÉE, ou GCIGNI (Jean de), en latin Gapinmia, littérateur et théologien, né à Paris, mort en 1549. Il fut successivement professeur de théologie (1529), recteur de l’Université (1531), lecteur, premier aumônier et prédicateur du roi. François Ier lui fit donner l’autorisation de prendre des copies des manuscrits curieux qui se trouvaient dans toutes les bibliothèques du royaume. Gagni en profita pour faire connaître plus de cent ouvrages importants laissés dans l’oubli. Il a publié les écrits suivants : Alcimus Avittis et Claudius Marins Victor, poetx christiani, in lucem emtssi (Lyon, 1536) ; Commentarius Primasii Uiieensis in epistolas S. Pauli (1537) ; Pétri Apollinii Collatii libri IV (15-10) ; une traduction française des Sermons ’de Guerric, etc.

GAG MER (Jean), célèbre orientaliste, d’abord prêtre et chanoine régulier de l’abbaye royale de Sainte-Geneviève-du-Mont, k Paris, ensuite ministre de l’Église anglicane et maître es arts de l’université de Cambridge, né k Paris vers l’an 1070, mort k Oxford le 2 mars 1740. Élevé au collège de Navarre, il y prit de bonne heure le goût des langues orientales. Un de ses maîtres, le P. Le Bossu, auteur du Traité sur le poème épique, montrant un jour k ses élèves le Polyglotte de Walton, s écria : « Voilà, mes enfants, un livre que vous devriez estimer. » Ces paroles produisirent une vive impression surGagnier. Il s’attacha dès lors passionnément aux études linguistiques, surtout k l’arabe et à l’hébreu, et il y fit de rapides progrès.

Né catholique, et destiné par sa famille k l’état ecclésiastique, il l’embrassa au sortir du collège, et reçut les ordres des mains de l’évêque de Meaux ; peu après, il devint chanoine régulier de l’abbaye de Sainte - Geneviève ; mais ses études des sources du christianisme ne tardèrent pas k le détacher des doctrines catholiques. L’Église romaine ne lui sembla bientôt plus qu’une fille illégitime de l’Évangile, une institution antichrétienne ; aussi, de fervent catholique qu’il était jusqu’alors, devenu hostile à des pratiques religieuses qui ne répondaient plus k sa croyance et qui répugnaient k sa raison, il quitta l’abbaye et passa en Angleterre, où il embrassa la religion réformée, se maria, et fut bientôt reçu ministre de l’Église anglicane. L’étude des langues orientales n’en continua pas moins d’être l’objet de ses travaux, et il occupa d’abord la chaire d’hébreu, puis celle d’arabe, k l’université d’Oxford (1717). Ce fut là toute sa vie, consacrée k l’enseignement et k lu publication d’importants ouvrages d’érudition et de critique.

On doit k Jean Gagnier : l’Église romaine convaincue de dépravation, d idolâlrie et d’antichristianisme (La Haye, 1706, in-12), ouvrage sous forme de lettres ; Josippon, sive Josephi ben Gorionis historix judaîcs libri V (Oxford, 1706, in-4<>), traduction latine de l’historien juif Josèphe, accompagnée d’une préface et de notes très-érudites ; Tabula nova et accurata exhibens paradigmata omnium conjugationum kebraïcarum (Oxford, 1710), tableau très-estimé des conjugaisons hébraïques, dressé sur quatre grandes feuilles, spécialement pour ses élèves de l’université ; Vindiciss kircherianx, sive animadoer-

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eiones in novas Abrah. Trommii concordantias griecas (Oxford, 1718), ouvrage critique où l’auteur venge durement Kircher, et traite peut-être trop vivement Trommius, qui, d’après Fabricius, Wolf et La Croze, est loin d’avoir toujours tort dans ses concordances chronologiques ; De vita et rébus gestis Mahomedis, etc. (Oxford, 1723, in-8°) ; le même ouvrage, en français, porte ce titre : Vie de Mahomet, traduite et compilée de l’À Icoran, des traditions authentiques, de la Sonna et des meilleurs auteurs (Amsterdam, 1732,2 vol. in-12) ; Ismaelis Abulfedm géographia universalis (1726, in-fol.)..Gagnier avait l’intention de donner toute la traduction latine de la Géographie universelle d’Abulfeda ; mais l’impression n’en a pas été poussée au delk des 72 premières pages, qui ne contiennent que la description de l’Arabie et une dissertation du traducteur sur l’origine du nom de l’Arabie et des Arabes. On lui doit encore une Lettre sur des médailles samaritaines, insérée dans les Nouvelles de la république des lettres —et dans le Journal de Trévoux (année 1705), et quelques opuscules latins sur des questions de linguistique orientale.

Son principal titre de gloire est la Vie de Mahomet. C’est, en effet, de tous les ouvrages publiés au xvme siècle sur le fondateur de 1 islamisme, le seul qui ait été écrit d’après les sources originales et qui ait mis sérieusement sur la voie de l’histoire, tant positive que légendaire, de Mahomet. Hottinger, écrivain

protestant et disciple de Zwingle, n’avait vu dans ce grand sujet qu’une occasion d’exposer parallèlement les absurdités du mahométismé et celles du christianisjne. Bayle, le premier, mettant de côté tout intérêt de secte, a, dans son Dictionnaire critique, envisagé la question sous son véritable point de vue. Mais Bayle n’avait pas des notions assez abondantes et sûres ; il ne put que conjecturer. Ces notions et l’étude approfondie des sources orientales, J. Gagnier les possédait au plus haut degré ; son ouvrage est, rk proprement parler, une relation bien liée de ce qu’ont écrit sur la matière les historiens et les docteurs les plus accrédités de l’islamisme.

GAGNOL s. m. (ga-gnol ; gn mil). Ichthyol. Nom vulgaire de l’hippocampe et du poisson trompette, il On dit aussi gagnolle s. f.

GAGNY, bourg et comm. de France (Seineet-Oise), cant. de Gonesse, arrond. et k

43 kilom. de Pontoise, près de la forêt de Bondy ; 1,487 hab. Plâtrières renommées ; fabriques de cuirs vernis et de fleurs artificielles.

GAGOU s. m. (ga-gou). Bot. Grand arbre qui croît k la Guyane, et dont le bois est employé dans les constructions navales. Il On dit aussi GAGON.

GAGUÉDI s, m. (ga-ghé-di). Bot. Plante d’Abyssinie, de la famille des protées.

GAGUI s. f. (ga-ghi). Pop. Femme d’un grand embonpoint : Une grosse gaGUI.

GAGUIN (Robert), chroniqueur et diplomate français, né k Calonne-sur-la-Lys (Artois) vers 1425, mort en 1502. Il entra chez les trinitaires, fit de brillantes études k l’Université de Paris, où il eut Guillaume Budée pour condisciple^ succéda k Fichet dans In chaire de rhétorique des Mathurins, et devins ministre général de son ordre en 1473. Il avait la réputation du mieux diseur de son temps. Le premier, il tenta de soustraire l’éloquence aux éternelles et insipides amplifications de la scolastique du moyen âge. Gaguin fut envoyé en Allemagne par Louis XI, pour empêcher le mariage de Marie de Bourgogne avec Maximilien (1477). Charles VIII le chargea de soutenir, k Florence, les intérêts de René de Lorraine contre Ferdinand de Naples (1486), et lui confia une autre mission diplomatique en Angleterre. Des manuscrits précieux, dont il fit l’acquisition pendant ces diverses courses en Europe, enrichirent la Bibliothèque royale, et l’on assure qu’il eut, k son retour, la garde de ce riche dépôt. Nous citerons, parmi ses ouvrages : Campendium supra Francorum gestis à Pharamundo (1497, in-4<>) ; Annales rerum Gallicarum (1586, in-8°) ; les Chroniques et histoires faites par Turpin (1527, in-4<> gothique) ; une traduction des Commentaires de César (1539, 2 vol. in-8°), etc.

GAGUINI (Alexandre), historien né k Vérone, mort à Cracovie en 1G14. Il passa en Pologne, y servit comme capitaine d’infanterie pendant les guerres de Livonie, de Moldavie, de Russie, et reçut, en récompense de ses services, de3 lettres de naturalisation et le commandement de Witepsk. On a de lui -.Rerum polonicarum tomi très (Francfort, 1584, in-fol.), ouvrage qui contient des pièces importantes et curieuses. Il a traduit du polonais en latin : Sarmatis Europes descriptio, qu’il a publiée sous son nom (Spire, 1581, in-fol.), bien que ce livre ait pour auteur Matthias Strykousky.

Gâh s. m. (gâ). Chronol. Chacune des divisions du jour, chez les Parsis.

— Mythol. Chacun des génies qui président aux divisions du jour, chez les Parsis.

GÂH AN BAR s. m. (gâ-an-bar). Chron. Chacun des cinq jours épagomènes, chez les Parsis.

GAHN (Joseph-Gottlier), naturaliste suédois, né en 1745, mort en 1818. Il s’attacha k

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l’étude de la minéralogie sousBergmann, fit, grâce k son esprit d’observation et d’analyse, quelques découvertes intéressantes, entre autres celle de l’existence du phosphore dans la composition des os, et dirigea avec habileté des mines et des forges, dont il était propriétaire. Gahn, que l’Académie des sciences de Stockholm admit au nombre de ses membres, devint assesseur au collège des mines (1784), membre du comité général du, royaume (1793), et fut élu, en 1799, député k la diète, où il se fit remarquer par ses idées avancées. On n’a de lui que quelques articles, et des Observations sur les règlements destinés à produire une bonne économie dans les forges.

GAHNIE s. f. (gâ-nl — de Gahn, sav. angl.). Bot. Genre de plantes, de la famille des cypéraeées, tribu des cladiées, comprenant un petit nombre d’espèces, qui croissent en Australie.

GAHNITE s. f. (gâ-ni-te — du nom du minéralogiste Gahn). Miner. Aluminate de zinc naturel, qui est le spinelle zincifère de Haùy, et l’automolite d’Ekeberg.

— Encycl. La ga/mite a été trouvée, au commencement de ce siècle, dans la mine d’Eric Matts, près de Fahlun, en Suèdo. On l’a également rencontrée depuis sur deux ou trois points des États-Unis, notamment dans lu mine de Franklin (New-Jersey). C’est une substance vert foncé, opaque, translucide sur les bords, k cassure conchoïdalo, k éclat vitreux. Elle raye le quart : :, et se laisso rayer par le corindon. Sa densité varie entro 4,124 et 4,232. Elle cristallise sn octaèdres réguliers, possédant des clivages assez parfaits parallèlement aux faces. Ce minéral est inattaquable par les acides et par les alcalis. Il est aussi infusible au chalumeau. Avec la soude, il donne une auréole de fleurs de zinc sur le charbon. D’après les analyses d’Abich, il renferme 56 parties d’alumine, plus de 34 d’oxyde de zinc, et un peu de peroxyde de fer, de silice et de magnésie.

GAHOUDA s. m. (ga-ou-da). Fermier du gouvernement, dans l’Inde.

— Encycl. On donne le nom de gahoudas aux sudras, chefs de village, et qui sont les principaux fermiers du gouvernement dans l’étendue de leur juridiction, où ils exercent aussi les fonctions de collecteurs du revenu public, d’arbitres des différends et de juges de paix. Les gahoudas appartiennent généralement à l’une des plus riches et des plus considérées des castes des sudras ; les individus de cette caste sont presque tous k l’aise, et vivent dans une espècn d’indépendance. Ils sont, en général, plus polis, plus décents et mieu, x élevés que lus Indous des autres classes ; ils ont aussi un air plus gai et plus content. La plupart savent lire et écrire. Quoiqu’ils ne soient pas exempts de la défiance et de la dissimulation communes à tous les Indous, ils sont cependant loin d’avoir la morgue, la hauteur et l’intolérance des brahmes. Naturellement timides, doux et insinuants, ils se montrent soumis et respectueux envers leurs supérieurs ; polis, honnêtes et pleins d’égards envers leurs égaux ; affables et condescendants envers leurs inférieurs : accessibles k tout le monde, ils savent s’accommoder k tous les caractères, à toutes les dispositions et k toutes les circonstances. Comme ils sont, en général, responsables du déficit qui se trouverait dans les taxes imposées k leurs villages, cette considération surtout les oblige à se concilier les habitants par de bons traitements, afin de prévenir leur émigration future, ce qui les mettrait hors d’état de faire cultiver les terres, et d’en obtenir le revenu dont ils doivent compte k l’État. Aussi, l’administration de ces chefs offre-t-ûlle le caractère d’une autorité vraiment patriarcale : ceux qui sont disposés k abuser de leur pouvoir voient bientôt leurs villages abandonnés, les terres sans culture, et ils finissent par ètru ruinés. On a vu un exemple remarquable da ceci, lors de l’institution passagère et odieuse des fermiers perpétuels, qui causa la ruine de la plupart clés districts où on l’établit. Ces petits, fonctionnaires ne furent pas plutôt revêtus de ce qu’ils croyaient être une des premières dignités dans la société, qu’ils se mirent k affecter un air d’importance et k trancher du grand. Des hommes qui avaient jusque-lk vécu dans le mépris ou l’obscurité voulurent avoir des chevaux, des palanquins, se faire escorter par des trompettes, avoir des pions, enfin se livrer insolemment k la pompe et au fasta dont les Indous sont si avides. Le produit des terres qu’ils avaient affermées k perpétuité ne pouvant suffire aux dépenses occasion : .ics par leur sotte vanité, ils s’avisèrent, pûur accroître leur revenu, do vexer de diverses manières les pauvres habitants. Les suites l’une conduite aussi arbitraire, et qui n’avait pas d’exemple, furent la désertion de ceux qui en étaient les victimes, et, par suite, la ruine des fermiers perpétuels euxmêmes.

GAI, GAIE adj. (ghè, ghè — Quelques-uns tirent ce mot du germanique : ancien haut allemand gâhi, prompt, allemand moderne jdhe, flamand gay, que les Hollandais prononcent gaw. D’autres comparent la nom propre latin Gaïus, qui était un nom do bon augura, et que les langues italiennes offrent sous la forme de gavius, lequel semble sigiri 116