Page:Le Songe de Poliphile - trad. Popelin - tome 2.pdf/313

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Polia s’étend quelque

peu sur sa

cruauté et raconte que, dans sa fuite, elle fut, sans savoir comment, enlevée par un tourbillon et transportée dans une forêt où elle vit massacrer deux demoiselles. Elle dit son épouvante, ainsi que la manière dont elle fut reportée au lieu d’où elle avait été enlevée. Puis elle conte comme quoi deux bourreaux lui apparurent pour la prendre. Dans sa terreur, l’agitation de son sommeil réveille, sa nourrice ; elle se réveille elle-même. Celle-ci lui donne, à propos, un utile conseil. Polia, parvenue à ce point de

A

son récit, ne put, en toute raison, se dominer ni se contenir assez pour ne pas soupirer pitoyablement quelque peu. Plus d’une fois, en parlant, des larmes coulèrent de ses yeux amoureux et mouillèrent ses joues rosées. Elle émut les nymphes qui l’entouraient et provoqua leur compassion pour Poliphile, ce malheureux amant qui périt par le fait de son violent amour et de son excessive douleur, au point qu’elles-mêmes tirèrent du fond de leur tendre coeur des soupirs passionnés. Tournant avec bienveillance, sur moi, leurs yeux doux et humides, elles semblaient presque con¬