Folk-Lore/Volume 20/Lycanthropie sous la Révolution Française

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Folk-Lore. Volume 20
Number 2 (June). Collectanea: Lycanthropie sous la Révolution Française by Henri_Gaidoz
968823Folk-Lore. Volume 20 — Number 2 (June). Collectanea: Lycanthropie sous la Révolution FrançaiseHenri_Gaidoz

Lycanthropie sous la Révolution Française.


Le texte ci-dessous me paraît mériter d'être tiré du livre où il est comme enterré. D'abord on y voit les loups jouer le rôle de monstres dévorants, encore à la fin du XVIIIe siècle; et, dans le courant du même siècle, la célèbre "Bête du Gevaudan," qui dans l'imagination populaire était devenue un animal fantastique, n'était qu'un énorme loup. Ensuite on trouve ici la croyance à la lycanthropie, et assez vivante pour que quelques personnes simples aient pu supposer l'âme de Carrier incarnée dans ce loup pour son châtiment. Le conventionnel Carrier, envoyé en mission à Nantes en Octobre, 1793, s'y était montré un des tyrans les plus froidement feroces que cette epoque ait produits.

Le texte qui suit est extrait du Dictionnaire néologique des hommes et des choses . . . par le cousin Jacques [Beffroy de Reigny], Paris, an VIII, [1799-1800], T. I., p. 391.


Barillère, Ancien Fermier d'une Métairie appartenant au citoyen Kirouard, propriétaire a Nantes, et située a La Ballerie, village distant de trois lieues de cette ville, eut le chagrin cruel, en messidor dernier, de voir ses enfans périr sous la dent carnassière d'une louve, qui répandait la consternation dans ces contrées.

Il avait deux fllles, l'une de douze ans, l'autre de sept. L'aînée fut horriblement maltraitée par cet animal féroce, qui lui suça le sang et lui mangea les entrailles; la cadette eut la cuisse coupée et les chairs rongées jusqu'à l'os.

L'animal se retira ensuite dans la forêt prochaine, qui est l'une des plus épaisses de la ci-devant Bretagne. La veille, il avait parcouru les Landes de Viais, d'où plusieurs hommes, femmes et enfans, qui gardaient leurs Bestiaux, s'enfuirent précipitamment. Tout ce Canton était plongé dans les justes alarmes. Ceux qui croient dans ce pays au dogme de la métempsycose, pensent que Carrier, pour sa punition, fut condamné par l'Eternel à voir passer son âme dans le corps de cette louve, et que c'est lui qui desole encore le même Departement.