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LIVES OF FAIR AND GALLANT LADIES

les chambres et coffres de tous ceux qui étaient logés dans le Louvre, sans épargner dames et filles, pour voir s'il n'y avait point d'armes cachées et même des pistolets, durant nos troubles, il y en eut une qui fut trouvée saisie dans son coffre par le capitaine des gardes, non point de pistolets, mais de quatre gros g... gentiment façonnés, qui donnèrent bien de la risée au monde, et à elle bien de l'étonnement.

Je connais la demoiselle: je crois qu'elle vit encore; mais elle n'eut jamais bon visage. Tels instruments enfin sont très dangereux. Je ferai encore ce conte de deux dames de la cour qui s'entr'aimaient si fort et étaient si chaudes a leur métier, qu'en quelque endroit qu'elles fussent ne s'en pouvaient garder ni abstenir que pour le moins ne fissent quelques signes d'amourettes ou de baiser; qui les scandulisaient si fort et donnaient à penser beaucoup aux hommes. Il y en avait une veuve, et l'autre mariée; et comme la mariée, un jour d'une grande magnificence, se fut fort bien parée et habillée d'une robe de toile d'argent, ainsi que leur maîtresse était allée à vêpres, elles entrèrent dans son cabinet, et sur sa chaise percée se mirent à faire leur fricarelle si rudement et si impétueusement qu'elle en rompit sous elles, et la dame mariée qui faisait le dessous tomba avec sa belle robe de toile d'argent a la renverse tout a plat sur l'ordure du bassin, si bien qu'elle se gâta et souilla si fort qu'elle ne sut que faire que s'essuyer le mieux qu'elle put, se trousser, et s'en aller en grande hâte changer de robe dans sa chambre, non sans pourtant avoir été aperçue et bien sentie à la trace, tant elle puait: dont il en fut ri assez par aucuns qui en surent le conte; même leur maîtresse le sut, qui s'en aidait comme elle, et en rit son saoul. Aussi il fallait bien que cette ardeur les maît-

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