Page:Mind (Old Series) Volume 9.djvu/231

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DES ILLUSIONS PAR L'APPEL AUX SENS. 219 car bien que les rayons lumineux emis par 1'objet fassent reellement un angle susceptible d'etre projete sur un plan, 1'ceil ne voit pas directement cet angle, il 1'mfere ; et cette inference vient de ce que 1'esprit se laisse ici guider par cette verite generale et non absolue que tout point lumiiieux est situe dans la direction des dernieres ondes qui par T ieiinent a 1'ceil. En d'autres termes, et sans entrer dans les details, 1'esprit qui voit le baton courbe interprete certaines impres- sions visuelles qui sont le signe exact d'une courbure lorsque 1'objet est situe tout entier dans un milieu homogene. Cette illusion remarquable ne cede pas a 1'experience du toucher qui la contredit. On a voulu tirer de cette persistance de certaines illusions un argument en faveur de la theorie nativistique, d'apres laquelle un grand nombre de particularites de nos percep- tions et notamment la perception de 1'espace, la localisation des points lumineux dans le champ visuel etc. auraient lieu par un mecanisme inne, anterieur a toute experience, et lie fatalement a une disposition anatomique. Nous ne voulons pas traiter a fond une question qui se presente ici de biais. Notons seulement qu'il parait aujourd'hui de plus en plus probable que 1'habitude, 1'education des sens, en un mot les operations de 1'esprit sumsent a expliquer la plupart des phenomenes, et que la theorie empiristique soutenue par Helmholtz gagne tous les jours du terrain. 1 Et, de fait, ne voyons nous pas que pour peu qu'on s'y exerce, on parvient a triompher de quelques unes de ces illusions dites persistantes ? N'avons-nous pas constate (voir plus haut) qu'on peut s'habituer a localiser exactement les objets en les regardant a travers un prisme, et tenir compte de la deviation subie par les rayons lumineux ? L' acquisition de cette perception ne fait-elle pas breche a cette regie posee par Eouget 2 que les impressions visuelles sont reportees au dehors de la retine dans la direction des axes prolonges des batonnets ? Et n'en peut-on pas conclure que la regie de Eouget ne depend pas d'une faculte innee de la retine, puisque 1'experience peut la detruire ? Ne voit-on pas les strabiques fusionner des images qui ne tombent pas sur des points identiques des deux retines, etc. etc. ? II est probable que 1'experience a tout forme, et qu'une experience contraire et suffisamment prolongee pourrait tout detruire. Quoi qu'il en soit de ces problernes, on peut dire des illu- 1 Physiol. opt. Voyez toute la troisieme partie, pour Thistorique complet de la question, et la discussion de toutes les opinions. 2 Voir Duval, Structure et usage de la Rtiine, p. 107, en note, Paris, 1873.