Page:René Le Coeur Le bar aux femmes nues, 1925.djvu/66

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pris la précaution de ne pas donner congé. Elle est montée en voiture. Nous nous séparons par des mots gentils.

— Tu viendras me voir ce soir ? propose-t-elle.

— Heu ! Je préférerais demain, si tu consens, dis, ma chérie ?

Ce soir, je vais dormir seul dans le lit, où nous étions serrés. Je lirai un livre, en silence. En silence ! Et je me tournerai quand je voudrai. Mes photographies ne bougeront plus. Mes tableaux demeureront droits,

Je songe à tous les couples qui dorment ensemble pendant des années, à cette promiscuité de l’amour, de la couche commune, à tout ce que cette vie nocturne a de triste, de lamentable, de décevant, de grotesque aussi, parfois.

Et, dans le lit où ma jolie maîtresse a reposé sa chair nue je m’endors doucement, avec le délicieux regret de ne retrouver qu’un parfum.