Histoire naturelle (trad. Littré)/II/53

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Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 125).
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Livre II — § 53

LIII.

1(LII.) Dans les livres des Étrusques il est dit que neuf dieux lancent la foudre, dont il y a onze espèces, le seul Jupiter en lançant trois. Les Romains n’ont conservé que deux espèces de foudres, attribuant celles du jour à Jupiter, celles de la nuit à Summanus ; ces dernières plus rares, sans doute pour la raison indiquée plus haut, la fraîcheur du ciel. L’Étrurie pense que de la terre aussi partent des foudres qu’elle appelle inférieures, foudres qui, arrivant en hiver, passent pour funestes et exécrables ; car toutes les choses regardées comme terrestres différent des choses générales, qui viennent des astres ; et elles sont d’une nature voisine de la nôtre, et impure. 2Un fait incontestable, c’est que toutes les foudres qui tombent du ciel supérieur frappent en zig-zag, tandis que toutes celles qu’on appelle terrestres frappent en droite ligne. Ce qui fait croire que celles-ci sortent de terre, c’est qu’elles tombent de quelque nuage plus rapproché ; elles ne rencontrent rien qui les repousse et en marque le trajet ; or, cela indique que le coup est porté, non de bas en haut, mais sans intermédiaire. Ceux qui raffinent pensent que ces foudres proviennent de Saturne, de même que les foudres qui brûlent proviendraient de Mars, comme celle qui consuma entièrement Volsinies, ville opulente de l’Étrurie. On appelle foudres de famille les premières foudres qui, prédisant la destinée pour toute la vie, éclatent quand un homme se met en famille. Au reste, on pense que pour les particuliers les présages de ces foudres ne s’étendent pas au delà de dix ans, si ce n’est de celles qui surviennent le jour du premier mariage ou le jour de la naissance, et que pour les États ils ne s’étendent pas au delà de trente ans, si ce n’est lors de la fondation des villes.