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Histoire naturelle (trad. Littré)/II/54

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Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 125-126).
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Livre II — § 54

LIV.

1(LIII.) Les Annales rapportent que par certains rites et certaines invocations on force ou l’on obtient la descente des foudres. C’est une vieille tradition dans l’Étrurie, qu’on fit ainsi descendre la foudre sur un monstre appelé Volta, qui menaçait la ville de Volsinies, après avoir dévasté le territoire. Elle a été aussi évoquée par le roi étrusque Porsenna. Avant lui cela avait été pratiqué souvent par Numa, d’après le premier livre des Annales de L. Pison, auteur grave ; ce fut en imitant cette pratique d’une manière peu conforme aux rites que Tullus Hostilius fut frappé de la foudre (XXVIII, 4). Pour cela nous avons des bois, des autels et des rites ; et parmi les Jupiter Stator, Tonnant, Féretrien, nous avons reçu un Jupiter Elicius (qui attire la foudre). 2Sur ce point l’opinion des hommes varie, suivant les dispositions de chacun. Il y a de l’audace à croire que l’on commande à la nature, comme il y a de la stupidité à contester les services qu’on peut tirer de la foudre, puisque la science est parvenue, dans l’interprétation de ce phénomène, au point d’en prédire l’arrivée à jour fixe, et d’annoncer si la foudre qui existera doit interrompre une destinée ou ouvrir la voie à de nouveaux destins voilés jusqu’alors : cela est prouvé par des exemples innombrables, tant publics que privés. Laissons donc ces phénomènes tels que la nature a voulu qu’ils fussent, tantôt certains, tantôt douteux, approuvés par les uns, condamnés par les autres ; mais n’omettons rien de ce qu’ils offrent de mémorable.