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Poliphile, ayant mesuré suffisamment
la grande porte et fait la démonstration de sa symétrie, poursuit, du mieux qu’il peut, la description du fini de son ornementation bien travaillée et dit comme quoi elle était admirablement composée.



À la noble foule des zélateurs du plaisant amour, j’adresse la prière qu’ils n’aient pas à regretter l’insistance que j’ai mise au discours ci-dessus. Il se peut, d’aventure, qu’il leur ait paru médiocrement attrayant, vu leur curiosité de pénétrer dans le sujet que je dois traiter — sujet dont ils se repaissent, pour si âpre qu’il soit, avec un cœur joyeux et une âme patiente. — Or l’affection humaine est changeante, de son naturel ; aussi n’insultons pas au pain, si désagréable qu’il puisse paraître au palais blasé, alors qu’il plaît au palais qui ne l’est point, mais qu’on en gratifie avec bonté ceux qui, l’ayant goûté, le trouvent délectable. C’est pourquoi j’ai parlé en maint endroit de l’objectif de l’architecte, de son but principal qui est l’établissement de l’édifice d’une façon harmonique. L’architecte, en effet, le peut résoudre en menues divisions, ni plus ni moins que ne fait le musicien lorsque, ayant trouvé l’intonation, il mesure le temps sur une longue et le proportionne