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Poliphile décrit l’aménité de la région
qu’il découvrit, dans laquelle il pénétra, et où, tout en errant, il rencontra une fontaine exquise de la plus grande beauté. Il dit comme quoi il vit venir à lui cinq gentilles demoiselles qui se montrèrent fort surprises de son arrivée en ces lieux, et qui, après l’avoir rassuré charitablement, le convièrent à partager leurs ébats.



F ort heureusement sorti de cet horrible gouffre, de ces ténèbres souterraines, de cet endroit maudit, — encore que le sanctuaire sacrosaint d’Aphrodite s’y trouvât — parvenu en la pleine lumière si désirée, au plein air si agréable, je me retournai pour apercevoir l’issue de l’endroit dont j’étais sorti et où ma vie m’avait semblé n’être pas la vie, tant elle y était insupportable et périclitante. J’avisai une montagne peu raide, d’une déclivité modérée, couverte d’arbres aux feuillages verts et plaisants. C’étaient des ronces glandifères, des hêtres, des chênes, l’esculus, l’yeuse, le cerre, le liège, le houx aux deux espèces dont l’une est le smilax[1], dont l’autre

  1. Σμίλαξ, nom commun à différentes sortes de plantes. Il veut dire If ; mais, en Arcadie, on nommait ainsi une sorte de chêne-