Page:Le Songe de Poliphile - trad. Popelin - tome 2.pdf/432

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Poliphile termine ici son Hypnérotomachie, se plaignant de ce que son sommeil n’ait pas été plus long, et de ce que le Soleil envieux ait fait le jour.

d’inconcevable plaisir m’étant

ravi, ayant vu cet esprit angélique disparaître de devant mes yeux,

ce doux et suave sommeil retiré de

mes membres assoupis, hélas, lecteurs amoureux ! je me réveillai, alors désolé de me voir abandonné, lâché par l’étreinte étroite de cette bienheureuse image, passant d’une admirable volupté à une amertume intense, en voyant s’enfuir, loin de mes regards, ce songe tout délicieux, s’évanouir cette ombre divine, s’envoler et se dissiper cette merveilleuse apparition, qui m’a conduit, élevé à de si hautes, si sublimes, si impénétrables pensées. Certes le Soleil, jaloux d’un si beau sommeil, le voulant dérober à la Nuit, vint en hâte, sycophante ennemi déclaré de la divine Mère, peindre en rose, avec ses splendeurs lumineuses, la blanchissante Aurore et arrêter le cours de la Nuit. Imaginez-vous donc quelle pâle envie eût été la sienne, alors, si j’avais joui réellement des vraies et voluptueuses délices d’une si belle, si divine demoiselle et insigne nymphe, pour qu’il ne ANT