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Les spirantes

dans ce dernier cas ʃ peut déve­lopper un glide palatal j qui, combiné avec le souffle sourd qui repré­sente l’alter­nance initiale de ʃ, donne ç ; là au contraire où ʃ ne développe pas de glide, la palata­lisation ne subsiste pas sous la forme « adoucie » et le résultat de l’aspi­ration est h (cf. § 89). Pour une évolution parallèle de « adouci », cf. Sommer­felt, Torr, § 197.

ᴀᴜnçαrt (anncheart) « injustice », de αrt (ceart) « droit » ; ɑnəço꞉ (anacheó) « brouil­lard épais », de kʲo꞉ (ceó) « brouil­lard » ; ɑnəçu꞉ⁱnʹ (anachiúin) « très tran­quille », de kʲu꞉ⁱnʹ (ciúin) « tran­quille » : αçαrt (neamh­cheart) « de travers » ; ən vʹαn çì꞉a (an bhean chéadhna) « la même femme ».

ɩ çɑ꞉ⁱnʹ (a Sheáin) « Jean ! », de ʃʲɑ̃꞉n (Seán) « Jean » ; ɩ ço꞉rʃɩ (a Sheóirse) « Georges ! », de ʃʲo꞉rʃɩ (Seóirse) « Georges » ; ɑnəçᴜ꞉l (ana­shiubhal) « longue marche », de ʃʲᴜ꞉l (siubhal) « marche » ; ço꞉ləmʷɩrʹ (sheól­amair) « nous nous mîmes en marche », de ʃʲo꞉lɩmʹ (seólaim) « je me mets en marche ».

J’ai entendu ç provenant du glide j combiné avec h dans anʹçᴜ (aith­niughadh) « recon­naître ».

§ 69.
j (écrit dh , gh- et quelque­fois non noté).

j est articulé sensible­ment au même point que ç, mais avec une ouverture plus consi­dérable. Ce n’est pas une spirante avec friction nette mais une demi-voyelle compa­rable au y d’anglais yes ou de français yeux.

j apparaît en contact avec des voyelles, en règle générale seulement à l’initiale, le plus souvent comme alter­nance gramma­ticale de ou  ; on peut noter aussi quelques cas de j appa­raissant à l’initiale devant un i, ou même, en position médiane, à la place d’un i deuxième élément de triph­tongue.

ɑnəjαs (anadheas) « très joli », de αs (deas) « joli » ; nʹiꞏ jinʹɩmʹ (ni dheinim) « je ne fais pas », de dʹᴇnʹɩmʹ (deinim) « je fais » ; mo ji꞉həl (mo dhícheall) « mon possible », de dʹi꞉həl (dícheall) « possible » ; ə χɑrə jilʹ (a chara dhil !) « mon cher ami ! », de dʹilʹ (dil) « cher » ; əm jiꞏɛgʹ (im dhiaidh) « après moi », de dʹiꞏɛgʹ (diaidh) « suite » ; jaᴜl ʃeꞏ (gheall sé) « il promit », de αlɩmʹ (geallaim)