Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/225

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Et par conséquent, reprit Socrate, après la mort nos âmes vont habiter les enfers.

Il le semble.

Maintenant, des deux opérations qui font passer de l’état de vie à l’état de mort, et réciproquement, l’une n’est-elle pas manifeste ? car mourir tombe sous les sens, n’est-ce pas ?

Sans difficulté.

Mais quoi ! pour faire le parallèle, n’existe-t-il pas une opération contraire, ou la nature est-elle boiteuse de ce côté-là ? Ne faut-il pas nécessairement que mourir ait son contraire ?

Nécessairement.

Et quel est-il ?

Revivre.

Revivre, dit Socrate, est donc, s’il a lieu, l’opération qui ramène de l’état de mort [72a] à l’état de vie. Nous convenons donc que la vie ne naît pas moins de la mort, que la mort de la vie, preuve satisfaisante que l’âme, après la mort, existe quelque part, d’où elle revient à la vie.

Il me semble, repartit Cébès, que c’est une suite nécessaire des principes que nous avons reçus.

Et il me semble aussi, Cébès, que nous ne les avons pas reçus sans raison ; vois-le toi-même : s’il n’y avait pas deux [72b] opérations correspondantes, et faisant un cercle, pour ainsi dire,