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228 LA 5* CLASSE.

temps on en avait besoin pour éviter le groupe incommode ar -{- consonne double (cf. draksyàti, de darç etc.). Ce qui prouve cette origine postérieure, ce sont les formes faibles en -ta et en -na: aktà, takta, trdhd, trnna, chrnna, rddhà, prktà, vrJctâ, vigna. Comparez les participes des verbes de la 9e classe açita (açnâfi), iéitâ {iëi}âti), kuéita [kusv^âti), grhttd {grhvidti), musifà {nmsnâti}, tnrditâ (mrdnàti), skabhitd (skabhnâti, stahhitd ^ {stabhnâti). Nous ne citons pas grathitd, mathitd, à-çrthita (de grathnâti, mathndti, çrathnâti); l'aspirée th y rendait peut-être l't nécessaire d'ailleurs. Dans l'exemple kliçita ou kliéfa de kliçnâtî, la forme contenant i tend à être remplacée, mais enfin elle existe, ce qui n'est jamais le cas pour les racines de la 7e classe.

Le principe de la formation en -na^u (5e classe) ne saurait être regardé comme différent de celui des autres présents à nasale. Les formes en -na^-u-ti supposent donc, à l'origine, des racines finissant par u. Dans plusieurs cas, la chose se vérifie: vanô-ti, sanô-ti (= wn-nâ^-u-ti, m-nd^-u-fi) sont accompagnés de vanutar, sânutar (= wa-^^nu-tar, saynu-tar^); t^rnô-ti, outre varûtdr, vdrûtha, a pour parents gr. ei\ù-uj, lat. volv-o, got. valv-jan; krnô-ti se base sur une racine karu d'où karôti^. Même type radical dans tatii-te (prés.) taru-târ, taru- tra, tdrû-ëas, tdru-santa, non accompagné toutefois d'un présent *trnôti (cf, Tpujvvûuj). La place de Va^ dans la racine ne change rien aux conditions d'existence de notre présent: çra^ti «écouter» pourra donc former çr-nd^-^i-ti, çrnôti*.

Mais dès l'époque proethnique, on ne le peut nier, la syllabe -nOiU a été employée à la manière d'une simple caractéristique verbale: ainsi k2i-nd^uti (skr. cinôti, gr. tIvutoi), tn-nd^uti (skr. tanôH, gr. Tavùui), ne seraient point ex- plicables comme formations organiques. — Toute cette question demanderait du reste un examen des plus délicats: il y a lieu en effet de se demander si I'm des exemples comme tarutdr, sanutdr (et comme sanôti par conséquent) est bien Vu ordinaire indo-européen. Sa contraction avec r dans les formes comme tûrti et cûrria de carvati (équivalent à taruti moins a, caruna moins a) rend ce point plus que douteux. Cf. aussi, en grec, le rapport de àii6-aaa\ ô|Livu-|Lit.

��1. Les formes skahdha et stahdha ne sont pas védiques. — Comme pus- Xiâti et hadhnnti se distinguent d'une manière générale par l'absence de 1'» (p. i22.5), les participes jm^td, baddhd, n'entrent pas en ligne de compte.

2. Cf. gr. àvùuu et 'EvudXioç.

3. Quelles que soient les difficultés que présentent à l'analyse les différentes formes de ce verbe, l'existence du groupe radical karu, à côté de kar, paraît absolument certaine. — Le présent karôti est fortement remanié par l'analogie. Un groupe comme karô- ne saurait être morphologiquement pur, car, si l'on en veut faire une racine, Va double ne se conçoit pas, et si c'est un thème à deux cellules, la première devait encore perdre son a. On arrive donc à sup- poser *kâru-mi, *kdru-si etc., c.-à-d. un présent de la 2e classe pareil à taru-te et à rôdi-mù L'influence de kr^ômi amena ensuite la diphtongue et réagit sans doute aussi sur le pluriel et le duel, sur lesquels on nous permettra de ne rien décider de plus précis.

4. En zend, r s'étant imbibé de I'm qui suivait, on trouve çurunu- au lieu de *çërënu-.

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