Page:The Book of the Homeless (New York, Charles Scribner's Sons, 1916).djvu/262

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THE BOOK OF THE HOMELESS

Prenez moi dans votre paradis de femmes, entre vos lèvres.

Une heure encore, tenez moi et me serrez dans votre doux giron qui sent la menthe fraîche, le miel, le romarin et la brûlante giroflée.

Gardez moi, je vous prie, dans la chambre des baisers. Je me suis séparé de mes autres armes: immortelles, elles n'ont pas besoin de moi.

Et puisqu'il faut un linceul, cousez moi dans vos cheveux avec vos larmes. Cousez moi, à longues aiguillées de pleurs, dans vos ardents cheveux.


V

Si nous ne sommes amour, que sommes nous? Toutes, ici, nous voici vouées, adieu semailles! au soleil qui s'en va chaque soir et aux cruelles pluies.

Amants, nos bien aimés, tel est donc l'amour pour qui nous sommes nées? Mères, pourquoi fîtes-vous ces filles malheureuses? Nos âmes bondissent en révolte. Et tous nos cœurs qui veulent sortir de nous!

Baisons nous, sœurs chéries, au nom de l'amour et de la mort: et du Seigneur qui aime, qui ouvre au ciel les sources, et les parcs d'amour, pour tous les Aimés, au paradis.

—O belles, ô douloureuses, chantent les jeunes filles, vous qui êtes séparées de votre chair et de vos baisers, venez.

—Et vous, petites filles, disent les jeunes femmes, ô délicieuses, divisées de vos désirs, privées de votre attente et des caresses, venez.

—Chers cœurs!

—Chères femmes!


· · · · · · ·

Elles pleurent, et se baisent doucement aux lèvres, avec un sourire.

Puis elles se sont saluées, en chantant, sous le portique de la nuit, tandis que l'océan dévorait les derniers tisons et les œillets suprêmes du couchant.


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