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APPENDIX
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arriver à sa Constitution fédérale, les chefs du pays découvrirent que l'ambassadeur de France avait des instructions pour traverser cette entreprise. Ce même allié qui avait tout sacrifié pour les séparer de l'Angleterre, voulait les tenir désunis entre eux. II voulait les condamner à une longue et pénible enfance, afins qu'ils fussent émancipés sans avoir ni sagesse pour se conduire ni force pour se protéger eux-mêmes. Telles étaient les instructions de M. de Ternan, alors ministre du Roi près les États-Unis. Il les suivit autant qu'il put, et les efforts qu'il fit en ce temps pour opposer la constitution fédérale, soit dans la convention de 1789, soit dans celles des divers États, furent insuffisants pour cet objet de sa mission, mais contribuèrent à semer le germe d'antifédéralisme qui, depuis, s'est développé de plusieurs manières, surtout par les associations que M. Genet a créées entre cette secte et le jacobinisme qu'il a apporté le premier dans les États-Unis.

Dès lors aussi, les chefs du gouvernement américain ont commencé à se méfier de la fraternité des Français et à craindre des embûches funestes jusque dans leurs présents.

Ces mêmes hommes, qui avaient à combattre dans leur sein un parti ennemi de la Constitution, et qui puisaient dans les exemples de l'Angleterre et dans les livres qui ont le plus loué sa Constitution, une partie de leurs arguments contre les antifédéralistes, ces mêmes hommes, tout en applaudissant aux premiers efforts de la France pour être libre, n'ont point aimé qu'elle traçât une route nouvelle dans l'art des constitutions et opposât à l'expérience de l'Angleterre des essais, frappants du moins par leur hardiesse, et qui prêtaient des armes du moment à leurs adversaires. Ces motifs intérieurs ont insensiblement établi, entre ceux qu'on nomme démocrates et ceux qu'on nomme aristocrates dans les États-Unis, la question sur un point qui devrait être parfaitement étranger aux recherches des deux partis, c'est l'inclination pour les Français ou l'inclination pour les Anglais. Mais cette question, comme toutes celles de parti, est posée sans grand égard pour la vérité et avec plus d'envie d'injurier que d'éclaircir. Car, au fait, ce que les hommes gouvernants du pays aiment d'inclination, c'est leur propre pays, et ils l'aiment d'autant plus sincèrement que l'existence de ce pays est leur ouvrage, le prix de leur sang et celui de leurs longs travaux politiques. Les désorganisateurs, au contraire, n'aiment qu'eux-mêmes, leur ambition privée et leurs vues d'intérêt personnel. Mais ils ne composent qu'une faible minorité du pays, et s'il fallait prendre au pied de la lettre le titre d'amis des Français qu'ils se donnent et celui d'amis des Anglais qu'ils prêtent aux partisans du gouvernement, ce calcul fournirait encore une grande majorité d'hommes dont l'inclination serait pour l'Angleterre.