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VOLTAIRE IN THE NETHERLANDS.

To D'Argenson he gives a more detailed description: —

Il y a ici des hommes très-estimables. La Haye est un séjour délicieux l'été, et la liberté y rend les hivers moins rudes. J'aime à voir les maîtres de l'Etat simples citoyens. Il y a des partis, et il faut bien qu'il y en ait dans une république; mais l'esprit de parti n'ôte rien à l'amour de la patrie, et je vois de grands hommes opposés à de grands hommes.
Je suis bien aise, pour l'honneur de la poésie, que ce soit un poète qui ait contribué ici à procurer des secours à la reine de Hongrie, et que la trompette de la guerre ait été la très-humble servante de la lyre d'Apollon. Je vois d'un autre côté, avec non moins d'admiration, un des principaux membres de l'Etat dont le système est tout pacifique marcher à pied sans domestiques, habiter une maison faite pour ces consuls romains qui fesaient cuire leurs légumes, dépenser à peine deux mille florins pour sa personne et en donner plus de vingt mille à des familles indigentes; ces grands exemples échappent à la plupart des voyageurs; mais, ne vaut-il pas mieux voir de telles curiosités que les processions de Rome, les récolets au Capitole et le miracle de Saint-Janvier? Des hommes de bien, des hommes de génie, voilà mes miracles. Ce gouvernement-ci vous plairait infiniment, même avec les defauts qui en sont inseparables. Il est tout municipal, et voilà ce que vous aimez. Le Haye d'ailleurs est le pays des nouvelles et des livres; c'est proprement la ville des ambassadeurs; leur société est toujours très-utile à qui veut s'instruire. On les voit tous en un jour. On sort, on rentre chez soi; chaque rue est une promenade; on peut se montrer, se retirer tant qu'on veut. C'est Fontainebleau, et point de cour à faire.

Voltaire's praises of Van Haren are genuine, and are confirmed by his later letters and by the following poem: —

STANCE A M. VAN HAREN, DEPUTE DES ETATS-GENERAUX, 1743.


Demosthène au conseil, et Pindare au Parnasse,
L'auguste vérité marche devant tes pas;
Tyrtée a dans ton sein repandu son audace,
Et tu tiens sa trompette, organe des combats.

Je ne puis t'imiter, mais j'aime ton courage
Né pour la liberté, tu penses en héros:
Mais qui naquit sujet ne doit penser qu'en sage,
Et vivre obscurement, s'il veut vivre en repos.

Notre esprit est conforme aux lieux qui l'ont vu naître;
A Rome on est esclave, à Londres citoyen.
La grandeur d'un Batave est de vivre sans maître;
Et mon premier devoir est de servir le mien.

Voltaire's friends warned him that it would have been safer for a Frenchman to make the last lines, if not the whole verse, somewhat less pointed. In consequence of a remonstrance from the Marquis de Fénelon, then ambassador at the Hague, he replaced the two middle lines of the last stanza, by the following: —

Tout état a ses mœurs et tout homme a son lien,
Ta gloire, ta vertu, est de vivre sans maître;

and put the word "chérir" instead of "servir," in the last line. A Dutchman also had sent Voltaire a number of observations, which the latter answered shortly on the margin, adding: "Style Hollandais: cent paroles pour une."

To M. Thieriot Voltaire writes soon after, on the 16th of August: —

Ne vous meprenez plus sur le nom d'un homme qui sera immortel dans ce pays-ci. Ce n'est point van Hyden, c'est van Haren qu'il s'appelle. Il lui est arrivé la même chose qu'à Homère; on gagnait sa vie à reciter ses vers aux portes des temples et des villes; la multitude court après lui quand il va à Amsterdam. On l'a gravé avec cette belle inscription: "Quæ canit ipse fecit." Vous ne sauriez croire combien cette fadaise [the above stanzas] par laquelle j'ai repondu à ses politesses et à ses amities, m'a concilié ici les esprits. On en a imprimé plus de vingt traductions. Il n'est rien tel que l'à propos.

Voltaire's praises of Van Haren seem to have given rise to a wish on the part of France to buy his services; at least, Voltaire writes to the French minister for foreign affairs: —

A l'egard de M. van Haren, il faut le regarder comme un homme incorruptible, mais il paraît aimer la gloire et les ambassades. Il voulait aller en Turquie; c'est de là que j'ai pris occasion de lui representer qu'il trouverait plus d'amis et d'approbateurs à Paris qu'à Constantinople. Cette idée a paru le flatter. On pourrait en faire usage, en cas que les yeux des Hollandais commençassent à s'ouvrir sur la ridicule injustice d'attaquer la France, sous prétexte d'un secours qu'ils out refusé à la reine de Hongrie quand elle en avait besoin, et qu'ils lui donnent quand elle peut s'en passer. En ce cas, van Haren pouvant avec honneur employer à la conciliation les talents qu'il a consacrés à la discorde, l'espérance d'être nommé ambassadeur en France, malgré l'usage qui l'en exclut, comme Frison, pourrait le flatter et le determiner à servir la cause de la justice et de la raison.

The reason why Van Haren, whose money matters were in great confusion, wished to go to Constantinople, was that it was then the only place where an ambassador could make a large fortune in a short time; but he went neither to Con-