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LIVES OF FAIR AND GALLANT LADIES

ne pouvait tenir son eau, elle s'adressa à celui qui donnait les antidotes pour engarder d'engrosser, car c'est ce que les filles craignent le plus: dont en cela il y en a de si experts qui leur donnent des drogues qui les engardent très bien d'engrosser; ou bien, si elles engrossent, leur font écouler leur grossesse so subtilement et si sagement que jamais on ne s'en aperçoit, et n'en sent-on rien que le vent.

Ainsi que j'en ai ouï parler d'une fille, laquelle avait été autrefois nourrie fille de la feue reine de Navarre Marguerite. Elle vint par cas fortunt, ou à engrosser sans qu'elle y pensat pourtant. Elle rencontra un rusé apothicaire, qui, lui ayant donne un breuvage, lui fit évader son fruit, qui avait déjà six mois, pièce par pièce, morceau par morceau, si aisément, qu'étant en ses affaires jamais elle n'en sentit ni mal ni douleur; et puis après se maria galamment, sans que le mari y connut aucune trace; car on leur donne des remèdes pour se faire paraître vierges et pucelles comme auparavant, ainsi que j'en ai allégué un au Discoups des Cocus. Et un que j'en ouï dire a un empirique ces jours passés, qu'il faut avoir des sangsues et les mettre à la nature, et faire par la tirer et sucer le sang: lesquelles sangsues, en suçant, laisent et engendrent de petites ampoules et fistules pleines de sang; si bien que le galant mari, qui vient le soir des noces les assaillir, leur crève ces ampoules d'où le sang sort, et lui et elle s'ensanglantent, qui est une grande joie à l'un et à l'autre; et par ainsi, l'honor della citella è salva. Je trouve ce remède plus souverain que l'autre, s'il est vrai; et s'ils ne sont bons tous deux, il y en a cent autres qui sont meilleurs, ainsi que le savent très bien ordonner, inventer et appliquer ces messieurs les médecins savants et experts apothicaires. Violà pour-

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