DES ILLUSIONS PAR L'APPEL AUX SEXS. 211 a titre d' element integrant une impression sensorielle de la vue. Quand ces deux groupes d'etats de conscience entrent en conflit, nous avons seulement conscience de la rectifica- tion totale, c'est a dire de ce fait que la notion de deux boules est chassee par la notion d'une boule unique ; mais il doit se passer en meme temps une serie de rectifications partielles ; chaque element d'un groupe reagit sur Felement correspondant de 1'autre groupe, le visuel avec le visuel, le tactile avec le tactile, le muscrdaire avec le musculaire etc. ; et ce sont ces petites rectifications partielles qui en s'ajoutant les unes aux autres forment le phenomene de la rectification totale, le seul qui arrive a la conscience. n. II faut maintenant etudier la nature et le mecanisme de la rectification, consideree com me operation psychologique. Cette etude presente plusieurs difficultes ; avaut de 1'aborder directement, rappelons les recherches que M. Ribot a faites sur le phenomene qu'il a appele le "pouvoir d'arret de la volonte " car il y a peut-etre quelque analogic entre 1'action inhibitoire d'une volition sur une autre volition, et Faction encore inconnue d'une sensation sur le developpement d'une representation mentale. 1 Ce qu'on decouvre tout d'abord, ce n'est pas une analogic, c'est une difference profonde. Le conflit de deux impulsions motrices contraires, qu'il s'agisse d'un cas banal, comme d'arreter le rire, le baillement, la toux, ou d'un cas plus important, comme de maitriser un violent acces de colere, aboutit toujours a Fun ou 1'autre de ces deux result at s : un arret ou la production d'un mouvement nouveau, different du mouvement suspendu. Le conflit de deux etats intel- lectuels, tel qu'on le voit se manifester dans la correction d'une illusion des sens, ne peut produire qu'un changement dans Fetat de croyance ; il aboutit, selon les cas, a Findeci- sion, au doute, ou a la negation de la croyance primitive et a 1'etablissement d'une croyance contraire. Ainsi d'une part, il y a un effet moteur ; d'autre part, il y a un effet intellectuel : la difference est tres nette. Mais une etude attentive des phenomenes montre que c'est la une de ces differences de surface dont il ne faut pas tenir compte, et qu'uiie lutte entre deux idees doit avoir la meme nature et reconnoitre le meme mecanisme qu'uiie lutte entre deux volitions. En effet, Fillusion des sens et cela est vrai de toutes les operations intellectuelles ne forme pas un acte complet ; 1 Ribot, Maladies de la Volonte, p. 13.
