Page:Mind (Old Series) Volume 9.djvu/227

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DES ILLUSIONS PAR L'APPEL AUX SENS. 215 a 1'etat normal, sont ternporairement paralyses. Aussi 1'etat suggere developpe-t-il tons les effets qui sont iiiberents a sa nature. A 1'etat normal, on arrive bien au meme resultat final ; le travail de la reflexion et de la deliberation aboutit au cboix d'une representation a 1'exclusion des autres. Mais cette preponderance d'une representation unique ne tient pas, comme dans le somnambulisnie, a ce que tout le reste de 1'intelligence est engourdi ; elle tient a ce que toutes les representations contraires ont ete annibilees. Le resultat n'a ete atteint qu'avec plus ou moins d'efforts, et apres des pbenomenes souvent compliques, dont il nous reste a etudier le detail. in. Le succes d'une rectification depend de plusieurs condi- tions dont la premiere en importance est la nature propre de 1'illusion a rectifier. Les auteurs qui ont ecrit sur les illusions des sens ont remarque que ces phenomenes peuvent etre ramenes a deux types bien distincts. II y a des illusions solides et durables, soutenues par 1'action d'une longue ex- perience passee ; ce sont les illusions que M. Sully qualifie de 2)(tssiues. D' autres illusions sont epbemeres, dues a une sorte de condescendance de 1'esprit, a un relacbement de 1'attention, ou a une action spontanee de 1'imagination ; pour les opposer aux precedentes, le meme auteur les appelle actives. Les premieres representent des etats acquis d'anci- enne date, inscrits dans 1'organisme en traits profonds ; les secondes sont les etats recents, peu organises et peu stables. Si Ton se rappelle que 1'illusion des sens se forme par un acte psycbique d'interpretation comparable a un raisonne- meiit, on pourra conclure de ces faits que les raisonnements, independamment de leur verite ou de leur faussete, ont une autre qualite, qu'on pourrait appeler Vintensite, que deux demonstrations, egalement vraies ou fausses, peuvent etre inegalement fortes, et que leur force relative, si elle etait susceptible de mesure, pourrait etre evaluee en fraction. Sans pousser plus loin cette tbeorie, nous nous bornons a constater que 1'experience directe par les sens lie peut pro- duire le meme effet sur toutes les illusions. Nous aliens voir qu'on peut classer les illusions en trois groupes, suivant que la reduction de la representation mentale par la sensa- tion est complete, partielle ou nulle. (1) Le premier groupe est represente par les illusions qui, une fois detruites, ne parviennent pas a se recomposer; la representation fausse est cbassee de telle sorte qu'elle ne reparait plus dans la conscience ; le pouvoir de la sensation