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PELLEAS AND MELISANDE.

SCENE III. SCENE IV.

(Une terrasse au sortir des souter- rains.)

Pelléas. Ah ! je respire enfin ! Jai cru un in- stant que j'allais me trouver mal dans ces énormes grottes; j'ai été sur le point de tomber... Il y a là un air hu- mide et lourd comme une rosée de plomb, et des ténèbres épaisses comme une pâte empoisonnée. Et maintenant tout l'air de toute la mer!... Il y a un vent frais, voyez ; frais comme une feuille qui vient de s'ouvrir, sur les petites lames vertes. Tiens ! On vient d'arroser les fleurs au pied de la ter- rasse et l'odeur de la verdure et des roses mouillées monte jusqu'ici... Il doit être près de midi, elles sont déjà dans l'ombre de la tour. Il est midi ; j'entends sonner les cloches et les en- fants descendent sur la plage pour se baigner. Tiens, voilà notre mère et Méli- sande à une fenêtre de la tour. (Devant le château. Entrent Golaud et le petit Yniold.J Golaud. Viens, nous allons nous asseoir ici, Yniold ; viens sur mes genoux : nous verrons d'ici ce qui se passe dans la forêt. Je ne te vois plus du tout de- puis quelque temps. Tu m'abandonnes aussi ; tu es toujours chez petite- mère... Tiens, nous sommes tout juste assis sous les fenêtres de petite mère. — Elle fait peut-être sa prière du soir en ce moment... Mais dis-moi, Yniold, elle est souvent avec ton oncle Pelléas, n'est-ce pas? Yniold. Oui, oui; toujours, petit-père; quand vous n'êtes pas là. Golaud. Ah ! Tiens, quelqu'un passe avec une lanterne dans le jardin. — Mais on m'a dit qu'ils ne s'aimaient pas... Il paraît qu'ils se querellent souvent... non? Est-ce vrai? Golaud. Oui, elles se sont réfugiées du côté de l'ombre. A propos de Mélisande, j'ai entendu ce qui s'est passé et ce qui s'est dit hier au soir. Je le sais bien, ce sont là jeux d'enfant ; mais il ne faut pas que cela se répète. Elle est très délicate et il faut qu'on la mén- age, d'autant plus qu'elle sera peut- être bientôt mère et la moindre émo- tion pourrait amener un malheur. Ce n'est pas la première fois que je re- marque qu'il pourrait y avoir quelque chose entre vous. Vous êtes plus âgé qu'elle ; il suffira de vous l'avoir dit... Evitez-la autant que possible ; mais sans affectation d'ailleurs ;sans affec- tation. (Ils sortent.) Yniold. Oui, c'est vrai. Golaud. Oui ? — Ah ! ah ! — Mais à propos de quoi se querellent-ils? Yniold. A propos de la porte. Golaud. Comment? à propos de a. porte? — Qu'est-ce que tu racontes là? — Mais voyons, explique-toi; pourquoi se querellent-ils à propos de la porte? Yniold. Parce qu'elle ne peut pas être ouverte.