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PELLEAS AND MELISANDE.

Ici... Arkel. MELISANDE. C'est étrange... je ne puis pas lever '-S bras pour la prendre... Arkel. C'est que tu es encore très faible... Je la tiendrai moi-même : regarde... ]IÉLISANDE. Elle ne rit pas... Elle est petite... Elle va pleurer aussi... J'ai pitié d'elle... (La chambre est envahie, peu à peu, par les servantes du château qui se rangent en silence le long des murs et attendent.) GoLAUD (se levant brusquement). Qu'y a-t-il ? — Qu'est-ce que toutes ces femmes viennent faire ici ? Le Médecin. Ce sont les servantes... Arkel. Ses yeux sont pleins de larmes. — Maintenant c'est son âme qui pleure... Pourquoi étend-elle ainsi les bras? Que veut-elle? Le Médecin C'est vers l'enfant sans doute. C'est la lutte de la mère contre la mort... GoLAUD. En ce moment? — En ce moment? — Il faut le dire, dites ! dites ! Le Médecin. Peut-être... GoLAUD. Tout de suite?... Oh! Oh! Il faut que je lui dise... — Mélisande! Mélis- ande!... Laissez-moi seul! laissez-moi seul avec elle!... Arkel. Qui est-ce qui les a appelées? Le Médecin. Ce n'est pas moi... GOLAUD. Pourquoi venez-vous ici? — Per- sonne ne vous a demandées... Que venez-vous faire ici? — mais qu'est- ce que donc ! Répondez!... (Les servantes ne répondent pas.) Arkel. Ne parle pas trop fort... Elle va dor- mir ; elle a fermé les yeux... GoLAUD. Ce n'est pas?... Le Médecin. Non, non ; voyez, elle respire... Arkel. Non, non ; n'approchez pas... Ne la troublez pas... Ne lui parlez plus...

  • ous ne savez pas ce que c'est que

l'ame... GOLAUD. Ce n'est pas ma faute, ce n'est pas ma faute! Arkel. Attention... Attention... Il faut par- ler à voix basse. — Il ne faut plus l'inquiéter... L'àme humaine est très silencieuse... L'àme humaine aime à s'en aller seule... Elle souffre si timide- ment... Mais la tristesse, Golaud...mais la tristesse de tout ce que l'on voit!... Oh! oh! oh!... (En ce moment, toutes les servantes tombent subitement à genoux au fond de la chambre.)