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��Concord, N. II.

��CONCORD, N.H.

IMPRESSIONS d'uN FRANgAIS, Par le Professeur Emile Pingault.

��Quand les Frangais, les Frangais de France, comme disent leurs cousins ca- nadiens, parlent de I'Ame'rique ou pen- sent a cette reine des r^publiques, ils n'ont en vue que les grandes villes. New-York, Boston, Philadelphie, Chi- cago, la Nouvelle Orle'ans etc....forment seuls, pour eux, Timmense continent decouvert par Christophe Colomb.

Je voudrais essayer de rdagir contre

I'id^e gen^rale qu'on a, que la lumiere, rintelligence, la prosperity ne se trou- vent que dans les grands centres.

La Providence a voulu que je vinsse ^tablir ma tente dans une ville qui, bien qu'dtant la capitale du New-Hampshire, parait comme un point microscopique aupres des villes que j'ai cities plus haut. Eh bien, sans flatterie aucune, si Ton a pu appeler Boston I'Athene de TAm^rique, je ne vois pas pourquoi on n'appellerait pas Concord un petit Ram- bouillet, toute proportion gard^e,

Je ne vous dirai pas que Concord est une petite ville situ^e sur la Merrimac, de 14,000 a 15,000 habitants, mais ce que je puis vous dire c'est qu'il faudrait aller bien loin pour trouver une ville plus intelligente et plus ^clairee, je dirais meme plus patriarcale. Tout le monde s'y connait et s'estime I'un I'autre. II y a dans cette ville une Emulation pour le bien et pour Tinstruction qui ne peut etre surpasse'e.

Outre les ^coles publiques telles que la Haute fccole (High School), les ^coles de grammaire, les tJcoles particulieres, on y voit encore des professeurs de langues modernes, des professeurs de dessin et de peinture, et parmi ces derniers un jeune artiste qui fera vraiment la gloire de I'Etat de Gran it si la classe eclairde sait I'attacher permanemment a la capi- tale. La musique a une place privil^- giee dans cette ville, les concerts de

��I'orchestre Blaisdelle sont suivis comme le seraient les premieres de Booth et d'Irving. II y a la plus que du senti- ment, il y a veritablement de I'art, et un enfant de Concord, mort il y a deux ans, de vingt ans a peine, ^tait une

��age

��preuve manifeste que I'art est compris ici a un degr6 sup^rieure.

La litt^rature est cultiv^e avec le plus grand soin. Outre trois clubs, compo- ses chacun d'une quinzaine de mem- bres, qui ^tudient et admirent Shak- speare ; une dame qui manie la parole comme le grand dramatiste maniait la pensee donne des conferences sur I'au- teur A' Hamlet devant un auditoire aussi intelligent que nombreux.

Cet amour de s'instruire et d'^tudier perce j usque dans les enfants les plus jeunes. Deux Kindergarten sont ^ta- blis en cette ville ; la, outre les choses aimables et utiles qu'on enseigne aux petits gar^ons et petites filles de cinq a six ans, on leur apprend aussi le fran- (;;ais. Qu'il est beau de voir ces jeunes intelligences se developper au son de la belle langue de Bossuet, de Fenelon, de Lamartine et de Victor Hugo. Vous verrez a Concord un spectacle peut-etre unique dans les Etats-Unis : une dou- zaine de petits Am^ricains et Am^ricai- nes chantant la Marsellaise et dansant des rondes de Bretagne et de Vendue avec une voix aussi douce et un accent aussi pur que s'ils e'taient ne's sur les bords de la Seine.

Ajoutez a ce tableau bien court et nullement exag^r^ que I'union et la paix regne entre tous les habitants de la ville, que la police y est hcureuse et fort peu occup^e, et vous aurez Tid^e de la tran- quillity dont on jouit dans cet endroit privilegie.

J'avouerai franchement, pour finir, que si toutes les viiles et villages ressem- blaient a Concord, TAm^rique serait le premier de tous les mondes connus.

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