Ainsi les descendants des esclaves africains eman- cipes apres la guerre de Secession embarrassent con- siderablement maintenant leurs anciens maitres. Les Americains les plus impartiaux, les philanthropes les plus eciaires sont obliges d'admettre, quarante et un ans apres I'affranchissement memorable, que les hom- mes de couleur n'ont su faire qu'un detestable usage des droits politiques qu'on leur avait donnes. Une sorte de fatalite abaisse la race noire et la rend en quelque sorte incapable de vivre libre. II semble qu'elle soit en regression depuis I'abolition de I'escla- vage. La grande masse des coloured men est dominee par la paresse, le goiit de la jouissance ; elle travaille seulement pour satisfaire ses gouts les plus grossiers, les plus bestiaux. Aussi, au cours des dernieres annees, dans plusieurs Etats du Sud, les blancs sont parvenus, par des actes legislatifs, a priver les negres de leur capacite elec- torale. La Louisiane, le Mississipi et la Caroline du Sud ont exige de tous les electeurs un certificat din- struction ou de possession. Les noirs, presque tous, ignorants ou indigents, se sont ainsi vu retrancher legalement du pays. Et cette decheance, ils I'avaient meritee, car quand ils etaient electeurs et politiciens, ils montraient une incapacite, une outrecuidance qui n'etaient surpassees que par leur corruption et leur esprit d'oppression. Dans les villes du Sud, ou ils etaient en majorite, ils s'emparaient de toutes les fonctions, revoquaient tous les employes blancs et mettaient a leur place des negres illettres. Les per- cepteurs noirs exoneraient de Timpot leurs semblables et faisaient payer double taxe aux blancs. Les negres mis aux prises avec les difficultes de I'administration semblaient n'avoir aucun instinct du droit ni de I'equite, ni meme de la logique. II etait fatal que ce peuple-enfant fut puni. Dans sa convoitise grossiere, il avait voulu tout prendre et on lui a tout retire. An- nihile politiquement dans le Sud, il I'a ete industrielle- ment dans le Nord ou les Syndicats ont refuse d'ad-
