Page:Folk-lore - A Quarterly Review. Volume 1, 1890.djvu/235

From Wikisource
Jump to navigation Jump to search
This page has been proofread, but needs to be validated.
How They Met Themselves.
229

fait rare. Rien de plus fréquent, au contraire, que l’apparition d’un mourant à une autre personne. Dans ce cas, l’apparition proprement dite est très souvent remplacée par quelqu’autre manifestation mystérieuse, par un bruit insolite, étrange, par la chute ou la rupture inexplicable d’un objet, surtout si cet objet est en quelque rapport avec le mourant, s’il lui appartient ou s’il a été donné par lui. Tous ces faits sont exprimés par la locution sick erzai’e,[1] “se montrer, se manifester,” qui ne s'emploie que dans ce sens-là. On les distingue du simple pressentiment, de la préoccupation sans motif assignable que peut nous causer un absent. Ces derniers faits s’expriment par des locutions telles que I hab kenn ruï mé k’hett,[2] “je n’avais plus de repos,” ou S’hett m’r kenn ruï mé gelosse,[3] “cela ne me laissait plus de repos,” en employant la tournure neutre et en évitant surtout d’attribuer directement le fait à la personne en question. Ils sont considérés comme l’indice d’un danger grave encouru par cette personne en ce même moment, mais auquel il peut encore y avoir remède; tandis que le fait d’apparaitre ou de se manifester par quelqu’autre signe sensible, est un arrêt de mort sans appel. Celui qui “se montre” se meurt ou vient de mourir. En général, ces manifestations sont considérées comme se produisant d’une façon inconsciente: ce ne sont pas des actes résultant d’une volonté déterminée du mourant. On raconte bien de diverses façons l’histoire de deux amis qui, en se séparant, se seraient promis réciproquement que le premier qui viendrait à mourir le ferait savoir à l’autre par un signe convenu. Mais je doute qu’aucune des variantes de cette anecdote, d’ailleurs fort répandue, soit originale chez nous. Tout ce que nos récits vraiment authentiques s’attachent à constater, c’est qu’au moment même, le mourant était vivement préoccupé de la personne à laquelle il s’est manifesté. Il est à supposer que s’ils étaient en général plus véridiques ou plus exacts, ils constateraient plus fréquem-

  1. Sich erscheinen.
  2. Ich hatte keine Ruhe mehr,
  3. Es liess mir keine Ruhe mehr,