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362 Importance du Folk-lore pour

decouvrons dans ses references les textes historiques et les ceuvres d'imagination. Encore une fois il fallait opter, k notre sens, entre des documents d'un caractere si dissem- blable. L'essence meme de la poesie est de depasser la mesure du reel, de substituer sa vision, grossie par une sorte d'ivresse perpetuelle, a I'exacte notation des choses,^ telle qu'on I'exigerait d'un temoin impersonnel et, pour ainsi dire^ indifferent. En fait, il n'en est pas necessairement ainsi ; ce temoin, s'il est Villehardouin ou Joinville, ne garde pas toujours la mesure voulue dans ses peintures et ses affirma- tions ; de meme s'il est proche des evenements qu'il a chantes, comme c'est le cas pour le trouveur a qui nous devons, par exemple, Raoiil de Cambrai, I'artiste tend a s'inspirer plus directement des spectacles qu'il a eus sous les yeux ou que lui ont retrace I'un ou I'autre des acteurs encore en vie. La distance n'en reste pas moins considerable entre les devoirs du chroniqueur, meme du plus imaginatif, et les licences du poete, meme du plus respectueux des faits, et nous ne croyons pas qu'on puisse combiner leurs recits.

II etait done inevitable que des recherches nouvelles fussent instituees, n'ayant qu'un seul et meme objectif, et il est plaisant de constater que la litterature a groupe sur ce terrain des pionniers plus nombreux et d'une abnegation plus perseverante que I'histoire proprement dite. On peut le proclamer sans injustice, les etudes historiques n'ont pas encore trouve, si ce n'est chez quelques hommes dont les efforts se sont consumes dans I'isolement, leur veritable orientation dans le sens social. Elles ont debute par des biographies de rois et des recits de batailles ; puis elles ont ete dirigees par des preoccupations philosophiques,

^ En veut-on un exemple precis ? Nous I'empruntons a Tune des dissertations dont on trouvera bientot le detail, celle de M. Sternberg. Celui-ci constate (p. 44) les exagerations conscientes auxquelles se livrent les auteurs de chansons dans la description des armes offensives, que portent les guerriers sarrazins : leur but ctait, dit-il, de faire d'autant mieux ressortir la valeur triomphante des Chretiens. M. Schirling reprend (p. 11) pour son compte cette observation dans I'etude qu'il a consacree aux armes defensives dans I'epopde.