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PRINCIPLES OF
Chap. IX.

freedom. It is difficult, even for a capital painter, to preserve in a copy ofa

    sées dans leurs couleurs, leurs degrés, leurs nuances; les tours, qui donnent le feu, l'esprit, et la vie au discours; les expressions naturelles, figurées, fortes, riches, gracieuses, délicates, &c. le tout d'après un modele qui commande durement, et qui veut qu'on lui obéisse d'un air aisé; il faut, sinon autant de génie, du moins autant de gout pour bien traduire, quo pour composer. Peutêtre même en faut il davantage. L'auteur qui compose, conduit seulement par une sorte d'instinct toujours libre, et par sa matiere qui lui présente des idées, qu'il peut accepter ou rejetter à son gré, est maitre absolu de ses pensées et de ses expressions: si la pensée ne lui convient pas, ou si l'expression ne convient pas à la pensée, il peut rejetter l'une et l'autre; quæ desperat tractata nitescere posse, relinquit. Le traducteur n'est maitre de rien; il est obligé de suivre partout son auteur, et de se plier à toutes ses variations avec une souplesse infinie. Qu'on en juge par la variété des tons qui se trouvent nécessairement dans un même sujet, et à plus forte raison dans un même genre.—Quelle idée donc ne doit-on pas avoir d'une traduction faite avec succès?

    Batteux de la construction Oratoire, Par. 2.